Voici les articles du Bulletin N°7 de l'association.
Deuxième trimestre 2000.

 


SOMMAIRE DU N° 7


Éditorial:Gerard LABONNE  Traduction D.M:


Actualité

  • Élections législatives.                                                     Adrien Popovici
  • Les nouvelles filles d'Éole.                                  Bernard Lenna
  • Humour.                                                                 Joel Chazeau

Culture et Traditions

  • Musique                       Gerard LABONNE

A travers les siecles
  • Mots croisés.                                                                         Claire Chazeau
  • Coups de coeur 

Editoria

Edito : Plaidoyer pour des reconnaissances

 

La deuxième assemblée générale de notre association vient de terminer ses travaux le 17 juin. Au-delà du compte rendu que vous trouverez dans ce bulletin, cette réunion a été marquée par le dynamisme et la richesse des débats. L'aspect dominant est la volonté de "Crète : terre de rencontres" de faire plus et mieux dans la connaissance et la diffusion de la culture crétoise auprès de nos concitoyens. Et quand on dit culture, il faut le prendre au sens le plus large, avec ses dimensions littéraires, religieuses, scientifiques, artistiques c'est à dire dans tous les aspects de l'humanité crétoise.
Ce plaidoyer  pour une reconnaissance de la culture crétoise se traduit par une multitude de projets discutés. Certains ont déjà pris date comme la conférence sur "le régime crétois" le 23 septembre, la venue de du groupe de musique crétoise de Michaelis Alefantinos le 25 octobre, l'exposition de sculptures sur bois de Iannis Mexis pour la fin d'année; d'autres comme la conférence sur la Crète minoenne, le prolongement de la conférence sur la vie et l'œuvre de Nikos Kazantzaki sont encore à préciser.
Tous ces projets, portés avec enthousiasme par les adhérents et amis de l'association se heurtent aussi à la limite des moyens, notamment financiers. C'est donc avec une ferme volonté de reconnaissance de notre activité et de notre place spécifique dans l'amitié franco-hellénique que notre association engagera des demandes d'aides auprès des institutionnels.
Dans un environnement de mondialisation et d'échanges en tout genre, il serait judicieux que ceux qui concourent à la diffusion des valeurs humaines soient entendus.

Gérard LABONNE 

 

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 Élections législatives. 

Elections législatives : après la victoire du Pasok, la presse parie sur un aggiornamento des socialistes.

Une fois n'est pas coutume, les élections législatives grecques ont occupé une place de choix dans les colonnes des journaux français. A la veille du scrutin du 9 avril, la presse nationale de l'Hexagone soulignait unanimement la réussite sur le plan économique des dirigeants socialistes, qui gouvernent le pays - mis à part un court intermède (de 1990 à 1993) - sans interruption depuis 1981. "A la mort de son leader historique Andréas Papandréou en 1996, Costas Simitis a pris la relève", nous dit Libération . "Celui qu'on a surnommé le "Rocard grec" brigue aujourd'hui un deuxième mandat, fort de ses succès économiques. (...) Etonnant retournement de l'histoire, la rigueur gestionnaire de Costas Simitis a si bien rompu avec le populisme débridé du défunt leader Andréas Papandréou que le Pasok (Mouvement socialiste panhellénique) se débat contre la nouvelle image qui lui colle à la peau : le parti du business, des nouveaux bourgeois nantis d'Athènes, des professions libérales, des élites intellectuelles et des grands médias".
Le Premier ministre sortant jouait malgré tout une partie serrée. Sa carte maîtresse? "C'est d'abord l'adhésion à l'Union économique et monétaire, désormais sûre et certaine pour le 1er janvier 2001", poursuit le quotidien de Serge Jully : "le message du Pasok ne fait pas dans la dentelle : c'est nous ou la fin des ambitions européennes. Une écrasante majorité de Grecs étant pour l'abandon de la drachme, la partie s'annonçait sur du velours. En fait, elle sera très serrée". Nathalie Dubois, l'envoyée spéciale de Libération à Athènes, note en effet qu'à la différence du Pasok, le neveu de l'ancien chef d'Etat Constantin Caramanlis (1907-1998), chef de la Nouvelle Démocratie, "tout en prônant plus de libéralisme et de privatisation (...)veut incarner la Grèce.
traditionnelle des travailleurs, des fermiers, des petites gens, des retraités à qui elle promet hausse des pensions et baisse des impôts
". Bref, la stratégie de la droite, "malgré ses convictions européennes", est de gagner "des voix chez tous ceux qu'effraie le tournant de la modernisation".
Il faut reconnaître, enchaîne le Monde, que pour beaucoup "l'ennemi était partout : en Turquie, comme toujours, en Albanie, dans cette Macédoine ex-yougoslave, dans cet environnement balkanique qui craquait de partout, et même en Occident, où les Grecs, une fois de plus, estiment n'être pas compris. Dans les partis, on attisait le feu. Champions du populisme, les leaders de l'époque chauffaient les foules et semblaient prêts à tourner le dos à leurs alliés. La Grèce s'isolaiten Europe, bloquant par son veto la reconnaissance de la Macédoine, paralysant les relations avec Ankara. Est-ce bien le même pays qui vote dimanche, et que toute passion semble avoir déserté?", se demande Claire Tréan qui évoque "le dernier accès de fièvre de la rue (...) au moment des bombardements de l'OTAN contre la Serbie auxquels tous les grecs étaient viscéralement hostiles. Dans Athènes et dans Salonique, les bannières de l'église se mêlèrent à nouveau aux drapeaux rouges et lesanathèmes de Mgr Christodoulos contre les Occidentaux aux slogans anti-impérialistes".
Le mérite vient là aussi de "la nouvelle équipe socialiste aux commandes à Athènes depuis la mort d'Andreas Papandréou, en 1995,[qui] avait répudié la démagogie qui consiste à imputer à l'étranger tous les maux de la Grèce et à jouer sur la corde nationale pour engranger les voix. Elle avait pris le parti inverse, celui de calmer les esprits". En clair, elle a fait le choix résolu de l'Europe, "rompant avec vingt ans d'ambiguïté du Pasok. Il a réussi que la Grèce, encore considérée il y a peu comme un des éléments du casse-têtebalkanique, devienne pour l'Union européenne un point d'appui de la politique commune dans la région. Avec l'Albanie, la Macédoine, il a entrepris une coopération très active, et M. Papandréou a engagé avec Ankara une politique de rapprochement inimaginable du temps de son père. Athènes a su faire endosser par l'Union une stratégie commune sur la question cypriote ; les autres différends gréco-turcs ont été ramenés à leur juste place et une réelle coopération s'instaure. Au sommet d'Helsinki de décembre 1999, la Grèce a accepté - et c'était une révolution - que la Turquie devienne candidate officielle dans l'Union".
Qu'il est loin le populisme de papa! Est-ce bien le même pays qui se précipite vers la monnaie unique, se demandent en cœur les éditorialistes français. Tel l'envoyé spécial du Figaro, Jean-Paul Rustan, quotidien qui a consacré une place importante à ce rendez-vous électoral dans un pays étranger, en mettant l'accent sur "l'élément stabilisateur" que "la Grèce pourrait jouer dans les Balkans.(...) L'Europe a transformé le pays plus sûrement que l'Otan les Balkans". L'idée est reprise dans l'éditorial du même quotidien du matin, signé Pierre Rousselin : "En rupture avec son illustre prédécesseur, Costas Semitis a pris le parti de l'Europe, imposant aux caciques du Pasok une forme méditerranéenne de "blairisme", sur le modèle de la nouvelle gauche européenne. Cela ne va pas sans la résistance de l'ancienne garde. Au pouvoir, ou dans l'opposition, le Passok pourra-t-il poursuivre sa rénovation? C'est l'un des enjeux de ce scrutin".
Un enjeu qui était loin d'être gagné si on en croit les commentateurs grecs, qui, tel Richand Someritis, éditorialiste au quotidien Vima, et ancien de l'ORTF à Paris au temps de la dictature des colonels, se penche sur un autre aspect du paysage hellénique : les liens entre l'église et la politique. "L'église de la Grèce et celle de l'orthodoxie sont intimement liées", câble aussi d'Athènes l'envoyé spécial du Figaro, Jean-Paul Rustan. "Les Grecs n'ont pas oublié la lutte de l'Eglise contre les Ottomans durant les quatre siècles d'occupation. Ni le rôle des popes dans le sauvetage de la langue grecque lors de la même période. De fait, l'Eglise orthodoxe peut se prévaloir d'être le premier rempart de "l'âme grecque", incarnant l'esprit de la résistance aux envahisseurs de tout poil". Avec 40% des Grecs pratiquants, "l'enracinement de la religion crée unesorte de schizophrénie entre tradition et occidentalisation". En d'autres termes "beaucoup de Grecs se demandent (avec l'Eglise)comment entrer pleinement dans l'Europe sans perdre leur identité. "
En attendant, le "marathon" de Costas Simitis, "couru en plein accord avec le peuple grec, malgré les mesures répétées d'austérité", souligne l'hebdomadaire l'Express, fait penser à la leçon espagnole : "l'ancrage européen est un atout majeur pour gagner les élections", une attitude soulignée également dans le Figaro, qui remarque que les Grecs, "fatigués de tenir le rôle de cancres de l'Europe, se sont choisi en 1996 un austère professeur d'économie". Même point de vue exprimé par Yves Pitette dans la Croix qui remarque la constance du Premier ministre socialiste : "Costas Simitis utilisait à fond les financements européens pour faire évoluer une agriculture grecque encore archaïque." Cette stratégie a été payante lors des élections de 1985, et, en jouant , quinze ans plus tard, la "carte de l'Europe", est restée encore payante. L'attitude du "professeur" Simitis, enchaîne le quotidien communiste l'Humanité, qui, reconnaît-il, "peut se prévaloir d'un bon bilan économique", demeure néanmoins critiquable.
"C'est le monde à l'envers", écrit Damien Roustel dans l'organe du parti communiste. "La gauche a mené une politique néolibérale en négligeant le social. Les patrons votent pour le Pasok. Du coup, Costas Caramalis utilise un discours populiste plus à gauche que la gauche. On assiste à la réédition du coup de Chirac en 1995".Avec une victoire à l'arraché de la majorité socialiste, la presse grecque engageait le gouvernement de Costas Simitis à réviser sa politique pour une gestion plus sociale et modernisatrice du pays. De son coté, la presse française, qui ironisait autrefois sur les capacités des "pays du Club Med" à intégrer l'Euroland, exprime aujourd'hui son étonnement face à cet agrégat qui devrait devenir, grâce à la Grèce,"l'euro 12" : "c'est en quelque sorte la deuxième adhésion de la Grèce que l'Europe salue ce jour" écrit Le Monde, tandis que la Croix dresse le portrait de celui qui, "en quatre ans, a arrimé la Grèce à la zone euro".
Pour leur part, les Echos considèrent qu'il s'agit d'un "succès personnel" pour Costas Simitis, alors que la Tribune remarque que c'est le vainqueur de ces élections qui conduira la Grèce à la monnaie unique. Néanmoins le succès personnel du Premier ministre grec ne doit pas faire illusion : avec une droite qui entre en force au Parlement, remarque Libération, les socialistes devront résoudre un autre casse tête. "Faire plus de libéralisme, mais aussi plus de social, tout en restant dans les fourches caudines qu'impose la future entrée de la Grèce dans l'Union économique et monétaire, sera la prochaine quadrature du cercle de Simitis". Et peut-être le prochain aggiornamento de son part
i.

Adrien POPOVICI

 

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Les nouvelles filles d'Éole.  
.


"Nous gagnons Eolie, où le fils d'Hippotés, cher aux dieux immortels, Eole, a sa demeure. C'est une île qui flotte : une côte de bronze, infrangible muraille, l'encercle tout entière; une roche polie en pointe vers le ciel" (Homère, Odyssée chant X)Le regard est attiré par un mouvement lent et circulaire; masquée à demi par la brume, une forêt de mâts blancs, sur la ligne de crête des montagnes d'Achladia, au dessus de Sitia; un mouvement lent, circulaire, régulier, asynchrone, dans un paysage immobile.

Rares sont les jours sans vent en Crète. Bénédiction l'été, leur violence dépasse rarement et peu de temps une force 9 Beaufort, ce qui correspond ainsi aux meilleures conditions d'exploitation de leur énergie au monde. Moulins à vent vénitiens le long des cols, éoliennes pour l'irrigation de la plaine de Lassithi sont, dans l'Est de l'île, autant de témoignages de l'aide apportée par les vents et requise par l'homme. Les premières éoliennes pour la production d'électricité de ce secteur furent implantées près du monastère de Moni Toplou; de petite capacité (1), soumises à leur naissance à des vents économiques contraires, ces invisibles du monastère apparaissent au détour d'un virage dans un âpre décor rocheux au-dessus duquel, ce jour-là, un aigle planait.

Les montagnes d'Achladia voient la mise en service des dernières unités de 600 KW/h chacune de la "wind farm". Un an d'observations, de mesures, d'étude des vents sur le site avant de le retenir; deux ans après l'érection des premières tours, les techniciens continuent d'apprendre le jeu complexe des vents et leurs turbulences, fruits de leurs orientations, des topographies du lieu; ces phénomènes sont modifiés au fur et à mesure par la présence des éoliennes générant une évolution de la configuration de la ferme.

La nature calcaire du sol truffé de grottes souterraines dues à l'infiltration des eaux de pluie a influencé le choix de la taille, du poids des structures à installer. A leur pied, leurs quarante mètres de haut impressionnants et l'aérodynamisme de leurs trois pales en fibre de verre renforcées de polyester de vingt mètres chacune donne, le cou penché en arrière, le tournis, telle Alice soudain rapetissée sous un énorme ventilateur.

Rotor et turbine pèsent 41 tonnes, avec la tour 75 tonnes prennent assise dans le sol et peuvent résister à un séisme de force 7 sur l'échelle de Richter

L'intérieur de la tour est donc un "lieu sûr", enfin… Celui ci comporte cinq étages avec plates-formes, une échelle pour accéder au sommet de l'éolienne entièrement autonome grâce à l'ordinateur qui régule son fonctionnement; l'ensemble des données de vent, de production d'électricité sont recueillies en permanence et disponibles pour d'autres sites dans le monde, notamment celui de leur fabrication. Ce sont des modèles fixes. Elles ne suivent pas le vent en s'orientant par rapport à lui, la simplicité a été privilégiée. Leur durée de vie est de vingt-cinq ans, elles sont révisées tous les six mois avec un graissage des axes. Les conditions exceptionnelles de vent (une moyenne de force 6 Beaufort sur l'année) permettent d'amortir leur coût de fabrication, d'installation et d'entretien en deux ans pour cinq ans en moyenne partout ailleurs dans le monde, excitant les convoitises, suscitant les ardeurs des prétendants. Après dix minutes de vent à 25 mètres/seconde (2), l'ordinateur arrête l'éolienne, protégeant la géante d'éventuels dégâts.

Actuellement, en Crète, les éoliennes peuvent produire jusqu'à 5MW/h; une nuit d'été la consommation est de 110 MW/h (un foyer consomme environ 10KW/24h). L'essentiel de l'électricité est fourni par la centrale thermique d'Heraklion de 450MW; un panachage des sources est réalisé, l'électricité n'étant pas stockable. La jeune industrie de fabrication et d'exploitation des éoliennes montre une grande vitalité: des tours de 100m de hauteur avec des pâles de 45m d'une capacité de production de 5MW/h sont en expérimentation en Europe. L'origine de la production d'électricité est donc un équilibre en constant changement possible.

Empreint d'une apparence d'imperturbable un mouvement s'est créé; symbolisant les forces du renouveau et de la vie, prenant leur place dans le décor naturel, surveillées, étudiées comme des enfants sages par des ingénieurs sérieux, et étonnés comme le voyageur les apercevant pour la première fois, voici les nouvelles filles d'Eole.

Bernard LENA.

(1) 17 unitésde 200KW/h et 3 unités de 500KW/h. retour au texte

(2) force 9 Beaufort.retour au texte

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A la rencontre du véliplanchiste crétois bio.

La saison de la migration approche, le véliplanchiste crétois bio fourbit ses armes, cette année encore son objectif est l'île qui l'a séduit depuis longtemps, les contacts ont été établis avec le reste de la tribu, l'ensemble du groupe devrait donc se retrouver comme ces dernières années sur de l'île de Minos.
Vous avez, vous aussi des projets de vacances à alibi plus ou moins culturel et vous vous dites pourquoi pas la Crète ? Alors vous pouvez croiser un véliplanchiste. Nous allons vous donner quelques indications pour le repérer, le comprendre et communiquer avec lui.
Son identification est assez simple: sur la plage en maillot de bain, debout les bras croisés face au large, on le distingue par un bronzage particulier assez semblable à celui d'un coureur du tour de France, haut des cuisses et avant bras blancs, doigts de pied et visage buriné. On peut distinguer sur son visage un nez cramoisi pour des raisons diverses: exposition excessive au soleil , piqûre de méduse ou symbole classique de poivrot estival; si le doute persiste jetez un œil discret sur l'intérieur de ses mains, si vous distinguez entre ses doigts comme recroquevillés sur un objet cylindrique qu'il ne voudrait pas lâcher, trois ou quatre horribles ampoules pleines d'eau, c'est un membre de l'espèce.
Vous l'avez maintenant identifié alors il faut lui parler, engager alors la conversation sur son activité. Son langage assez réduit s'articule autour de quelques termes techniques à l'étymologie incertaine mélangeant les racines grecques, anglo-saxonnes et françaises. Son vocabulaire, assez pauvre, est parfois ambigu pour le commun des mortels :
Les quelques exemples suivants devraient vous aider:
Sortir signifie pour lui rentrer dans l'eau, alors que rentrer signifie sortir de l'eau.
Il dit qu'il navigue, alors qu'il s'éloigne de quelques centaines de mètres de la plage. Christophe Colomb et les navigateurs au long cours apprécieront.
Tandis qu'il s'acharne à partir sur sa planche, il pratique ce qu'il appelle un " water-start ", technique à la fois ridicule et intelligente qui lui permet de bronzer les pieds, les mains et le visage, tout en s'hydratant par capillarité grâce à la partie la plus charnue de sa personne entièrement immergée. Les pédiatres font parfois appliquer cette position aux nourrissons victimes d'érythème fessier, ils la baptisent plus modestement " bain de siège. "
Une fois parti, il s'escrime alors à tourner, ce que tout le monde comprend puisqu'il ne veut pas s'éloigner du bord et qu 'il ne peut pas marcher sur l'eau quand il est sur la terre ferme, il dit alors qu'il " jibe ", terme à peu près sans équivalent dans notre langue, le plus proche serait l'expression, certes un peu longue : " il tombe et essaie de remettre dans la direction qu'il souhaite l'ensemble du matériel qui l'a conduit dans cette situation peu confortable et grotesque."
On atteint l'apothéose quand il tente ce qu'il appelle un "360", c'est à dire un virage très délicat qui consiste à se remettre exactement dans le même sens qu' avant de tourner, oui, vous avez bien lu, il fait un virage pour continuer dans la même direction, il est très joueur ! Souvenez-vous c'est une espèce à QI très modeste comme on l'a évoqué précédemment.
Il utilise très fréquemment le terme "décat" (prononcez décate), et on pourrait se réjouir de ses tentatives pour essayer de compter au moins jusqu'à dix en grec, ce n'est hélas pas le cas, il fait simplement allusion à un de ses fournisseurs français qui a eu la bonne idée de s'inspirer des jeux olympiques antiques pour se parer d'un patronyme signifiant étymologiquement : Dix épreuves.
Si la conversation s'éternise, alors il peut avoir soif, il vous indiquera les bonnes adresses qui constituent en quelque sorte son QG. Si votre spécimen est dans le civil prof de gym et présente une calvitie naissante il prendra un soda, sinon tous les autres membres de la tribu se réhydratent avec les boissons incontournables et secrètement présentes dans le régime crétois.
Voilà, vous en connaissez un peu plus, essayez de l'approcher, il est inoffensif.

Joel CHAZEAU.

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Poésie, musique, danse : l'âme crétoise.

1ère Partie : Mantinades et Kondylies

Que se soit dans les noces, les fêtes patronales de villages ou même dans les lieux touristiques, il ne se passe pas de réjouissance crétoise sans poésie, musique et danse. Leur importance socio-culturelle n'échappe à personne. La socialisation crétoise, l'intégration au groupe passe par le partage de ces pratiques artistiques.
Et il est pertinent de noter que les évolutions poétiques, musicales et chorégraphiques sont différentes selon les régions de l'île.
L'exemple abordé aujourd'hui porte sur les distiques qui accompagnent les différentes musiques crétoises et il confirme ce constat.
Dans la Crète occidentale, les passages vocaux encadrés par un prélude et un postlude musicaux sont désignés, non pas en référence au motif musical ni même à la danse qu'il engendre mais en fonction du contenu poétique avec le terme "Mantinada". Autrefois, il désignait l'aubade, sous la fenêtre de la dulcinée, déclamée en rimes accompagnées d'instruments à cordes. La Mantinada prolonge la tradition des troubadours et des ménestrels. Lors de périodes troubles de la Crète, la Mantinada, rendue incompréhensible aux Turcs, Italiens ou Allemands par l'utilisation d'allégories, fut aussi un moyen de confondre les occupants . Aujourd'hui, la Mantinada est une improvisation, une chanson ou une déclamation sur les thèmes éternels des Crétois : l'amour, les tourments, la liberté, la politique. Elle se rapproche du jazz américain par ses rythmes et improvisations naturelles.
Les Mantinades peuvent se danser sur des rythmes du Syrtos en général. Le Syrtos est une danse crétoise à pas traînants dont le plus connus est le Syrtos chaniotikos (de Hania).
Dans la Crète centrale et orientale les distiques accompagnant les thèmes musicaux se nomment les "Kondylies". Ce vocable désignait autrefois la partie du roseau utilisé pour la réalisation de flûtes connues dans les sociétés pastorales méditerranéennes. Aujourd'hui il caractérise les morceaux musicaux eux-mêmes complétés par le lieu de création. Les Kondylies se dansent sur le rythme du Siganos, danse au pas sautillant que l'on retrouve dans le Pidichtos et le Pendezalis. Et généralement derrière le Siganos suit le pendezalis au tempo beaucoup plus vif.
Les alternances musicales et vocales interviennent régulièrement toutefois, des distiques sont apportés par l'assistance ou même des instrumentistes.
Ce qui manifeste les variations vocales utilisées dans les distiques est l'utilisation assez fréquente de la répétition. Répétition de mots ou syllabes toutefois moins usitée que dans la chanson traditionnelle crétoise le Rizitiko. Cette technique est liée à la volonté de l'artiste de mettre en valeur le texte plus que la mélodie. Le ton utilisé est également plus élevé que celui du langage courant.
Les techniques utilisées pour l'accompagnement musical influent sur l'orchestration elle-même. L'accompagnement instrumental naturel comprend l'association d'un instrument à corde (la lyre est l'instrument le plus traditionnel) dont la fonction est mélodique, et d'un instrument à corde pincée (laouto) dont la fonction est rythmique et harmonique.
Ecoutez la mantinada crétoise sous un air de lyre et de laouto, écoutez cette harmonie entre la musique et la voix qui se mêlent et vous entendrez la Crète.

Gérard LABONNE

Kondylies de Sitia -

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Aspect de la religion minoenne.        

 

La question des caractéristiques de la religion minoenne demeure très controversée. En effet, historiens et archéologues se trouvent face à une abondante iconographie sans texte permettant d'en éclairer la signification. On ne peut en reconstituer les éléments qu'à partir des sources archéologiques, c'est-à-dire, pour l'essentiel, les fresques, bâtiments et objets. Ainsi, le champ des hypothèses est illimité et les interprétations penchent bien souvent du côté de l'imagination… Sans rentrer dans un exposé ardu du spécialiste, nous centrerons notre exposé autour de trois pôles de réflexion : la définition du monde des dieux, les pratiques rituelles, les lieux de culte.
A l'origine, sans doute trouve t-on le cycle de la végétation témoignant de la sensibilité à la succession des saisons. La végétation était personnifiée par un jeune dieu qui meurt et ressuscite tous les ans, tandis que la puissance créatrice de la nature était représentée par la Grande Mère. Leur union symboliserait la fertilisation de la terre. Nombreuses ont été les découvertes d'effigies de divinités féminines. Il est impossible de dire s'il s'agit d'une même déesse dont différents aspects étaient représentés ou de plusieurs déesses. Comme maîtresse des fauves, elle est souvent représentée sur un sommet de montagne parmi les lions.
D'autres fois, elle apparaît comme une déesse aux colombes. Parfois, elle est accompagnée de serpents. On peut la voir aussi armée ou portant un enfant dans ses bras. Il est intéressant de noter que ces attributs accompagnent certaines divinités à l'époque classique. Le serpent, par exemple, est un animal sacré. On a pensé qu'il s'identifiait à la déesse aux serpents dans le sens ou elle en était la personnification. Certains pensent que le serpent symbolise l'aspect souterrain de la déesse en tant que déesse des morts. La poitrine dénudée de la divinité évoque son pouvoir de fécondité. Elle est la déesse mère féconde. Cette déesse, dont on a pensé qu'elle dominait le panthéon de la religion minoenne, était secondée par un jeune dieu représenté entouré de bêtes sauvages ou armé d'un arc avec un lion à ses côtés ou encore porteur d'un vase ou d'un griffon. Dans les tablettes en linéaire B de Cnossos et de Pylos, les noms de divinités de l'époque classique apparaissent : ceux d'Héra, Athéna, Zeus et Poséidon. Ce phénomène tout à fait remarquable pose la question de la continuité religieuse entre la période préhellénique et les périodes archaïque et classique.


C'est sur le sarcophage d'Haghia Triada que se trouve la seule scène explicite de culte. Elle nous montre un sacrifice sanglant d'animal et une libation accomplie par des prêtres. En effet, les prêtres semblent se distinguer des fidèles par le vêtement, drapé en peau de bête porté à partir de la taille (la peau symbolise certainement le lien sacré entre l'adorant, représenté par le prêtre, et le dieu).La fonction du prêtre était de servir d'intermédiaire entre le fidèle et la divinité. De ce fait, sur le sarcophage, on peut voir un taureau, mort, étendu sur une table de bois. Le sang qui coule de sa gorge est recueilli dans des vases. Une prêtresse reçoit les vases et les vide dans une vaste cuve placée entre les doubles haches. Il serait pourtant erroné de croireque cette forme de culte était unique. Elles pouvaient être multiples. On a retrouvé de nombreux autels qui constituaient sans aucun doute une partie très importante de l'équipement rituel. Certains, de forme plate, devaient recevoir des offrandes de fruits, d'autres n'étaient qu'un tas de cendre, ce qui implique la pratique de l'incinération complète des sacrifices (holocaustes). De nombreux autels rectangulaires en pierre ont été trouvés (voir celui de la cour ouest du palais de Cnossos). Selon certains reliefs sur des vases en pierre, les autels étaient surmontés de cornes (en rapport avec le caractère sacré du taureau ?). On y sacrifiait sans doute les victimes et brûlait les offrandes. Des offrandes non sanglantes, fruits, vin, y étaient peut-être déposées. Les pratiques rituelles n'étaient pas non plus les mêmes selon qu'il s'agissait d'une démarche individuelle ou, au contraire, de grandes fêtes religieuses collectives. Le fidèle, arrivé au sanctuaire, presse souvent son poing contre son front. C'était une prière ou une position destinée à protéger la vue du mortel de l'éblouissement causé par l'apparition de la divinité. Parfois, les bras sont levés et tendus, signes de la supplication et de la prière. L'offrande de nourriture et de boisson à la divinité constituaient l'acte rituel principal. Sur les fragments d'un vase de Cnossos, un adorant, arrivé au sommet d'une montagne, place une corbeille de fruits devant un sanctuaire. Les fêtes religieuses nous sont assez bien connues, dès lors que l'on accepte l'interprétation religieuse des fresques de Cnossos. La grande fresque de la Procession représente des jeunes gens portant des vases, des musiciens, et une prêtresse recevant des cadeaux. Plus qu'une simple exposition des vases sacrés, on faisait des offrandes et libations aux dieux. Dans d'autres processions, prêtres et adorants portent des vases à libation. Ils se dirigent probablement vers le sanctuaire ou autel pour l'offrande. Il est impossible de dire si les scènes de pugilat et les jeux de taureaux avaient une signification religieuse ou s'il s'agissait de spectacles à l'occasion de la fête.
Les lieux de culte étaient divers. Ils étaient bien souvent naturels, grottes ou sommets des montagnes. Les objets retrouvés ont permis de déterminer le caractère sacré des grottes. Dans la grotte de Psychro, ou l'on croyait que la Déesse-Mère Rhéa avait donné naissance au Jeune Dieu, figurines des adorants, miniatures d'animaux étaient offerts à la place des sacrifices sanglants. On y offrait aussi des armes et des doubles haches en bronze. Dans la grotte d'Arkalochori, des petites haches votives en or et des longues épées en bronze suggèrent le culte de la divinité féminine sous son aspect guerrier. Enfin, dans la grotte de Camarès sur le Mont Ida étaient dédiés des vases d'offrandes par les fidèles de Phaistos, les jours de fête. On célébrait aussi des cultes dans les sanctuaires de sommet. On y adorait la déesse Mère de la Montagne, également maîtresse des animaux. Aux solstices d'été et d'hiver on jetait des offrandes dans de grands feux. C'étaient des figurines d'adorants ou des membres humains, peut-être pour obtenir une guérison ou en remerciement d'une guérison. La question de la fonction religieuse du palais est très controversée. Etait-il le centre de la vie religieuse ? Certes, certaines fresques représentant des cérémonies, les doubles cornes symbolisant peut-être le taureau sacré (existence d'un dieu taureau ?), nous invitent à penser que le palais avait un caractère sacré, que l'on y pratiquait des cérémonies religieuses. Cependant, l'attribution de fonctions purement religieuses à certaines pièces est tout à fait hasardeuse. Le 13 avril 1900, Evans découvre la salle du trône du palais de Cnossos décorée de griffons. Il trouve sur le sol des vases en pierre, des morceaux de fresque, des fragments d'or de cristal et de faïence. Son imagination ne fait alors qu'un tour : cette pièce devait appartenir au roi-prêtre de Cnossos, dirigeant du royaume minoen. Le trône se trouvait contre un mur couvert de griffons et de plantes, en face d'un bain lustral pour les ablution rituelles, avec, au fond, un petit sanctuaire et le mobilier cultuel (double corne, double hache). Salle du chapitre, les vases étaient utilisés lors decérémonies. Dans la lignée d'Evans, des historiens ont avancé des interprétations douteuses. Les petites pièces à un niveau bas de Cnossos ? Des bassins lustraux pour les rites de purification…Sans preuve aucune…
Mais si Cnossos est un rêve, quel plaisir de s'y laisser porter…
Ce petit exposé étant loin d'être exhaustif et approfondi, j'invite le lecteur à faire-part de ses remarques, suggestions. C'est avec plaisir, si je le peux, que j'approfondirai un aspect ou l'étude d'un témoignage archéologique (vases, fresques…).


Candice Tissier

 

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Mots croisés. 

 

SITES CRETOIS

VERTICAL

1 Megaron au sud d'Archanès
2 Petit palais proche de Phaistos
3 Site au sud-ouest de Kastelli
4 2nd palais par ses dimensions
5 Puissante cité près de Kritsa
6 Très célèbre
7 Asclépeion proche de Paléochora
8 Tombes prés de Chadras
9 Tombes prés de Chadras
10 Le plus ancien
11 Grotte sur le sud du mont Ida
12 Entlre Malia et Agios Nikolaosaos
13 1ère moitié d'un site à l'est de la Crète
HORIZONTAL
1 Ville antique près de Rethymnon 7 2ème moitié du site à l'est
2 Proche d'une palmeraie 8 Près de Lendas dans la Messara
3 Ancien port au nord-ouest 9 Ferme minoenne près de Sitia
4 Un palais fouillé par l'école française 10 Villas au pied du mont Ida
5 Au bout de la vallée des morts 11 Fermes près de Sitia
6 Maisons proches de Sitia 12 Tombe à tholos proche de Sitia


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Coups de cœur.

Un recueil précis, argumenté et plein de vitalité qui dévoile les secrets de l'huile d'olive

Nikos Psilakis, journaliste, auteur de nombreux ouvrages sur les  traditions  crétoises, membre de l'académie du goût 

Ses sculptures taillées dans les bois les plus divers, tel l'olivier ou le châtaigner rendent un bel hommage à la femme et à la nature.

 

Yannis MEXIS expose à la maison de la Grèce à Paris 
du 23 au 28 Octobre 2000
 
 

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