Voici les articles du Bulletin N°5 de l'association.
Quatrième trimestre 1999
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SOMMAIRE DU N° 5


Editorial: Gerard LABONNE  Traduction D.M: 


CRETE D'AUJOURD'HUI 


CRETE ETERNELLE

 


 

Editorial
Edito: Bilan et perpectives  

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   Permettez-moi en premier lieu de vous présenter tous mes vœux de bonheur et de santé pour l'année  nouvelle. Je ne  rentrerai pas dans le débat, – très marchand au demeurant –, à savoir si cette année est la dernière ou la première du nouveau  millénaire. Chacun a son point de vue sur la question. Quoiqu'il en soit, cette période est aussi le moment des bilans et des perpectives. Côté bilan, 1999 aura été pour notre association la première année pleine et fort riche en évolution. Nous avons, en effet, noué des contacts passionnants avec de multiples associations crétoises, philhellènes en France, notamment à Bordeaux; nous avons plus que doublé le nombre de nos adhérents de fin 1998, nous avons également concrétisé nos objectifs de publication de 1998 : le bulletin ici présent vit, évolue, et s'enrichit de l'apport de chacun. Et nous finissons l'année avec la préparation de notre première initiative publique à la Maison de la Grèce, le 8 janvier avec un débat autour de la vie et l'œuvre de Nikos Kazantzaki. C'est dire si l'année 2000 commence bien. Pourtant, tout n'est pas parfait, loin de là; mais sachons mesurer ce qui avance et prenons appui sur ces aspects positifs pour entamer l'année nouvelle.

Des perspectives intéressantes s'offrent à nous à partir des contacts pris en 1999; en France, développons les coopérations avec nos amis des associations "Alsace–Crète" et "Entre Deux mers- Régions d'Europe" dans l'organisation de manifestions communes ou coordonnées; prolongeons avec la Société internationale des Amis de Nikos Kazantzaki le débat de janvier par d'autres conférences. En Crète, les contacts actuels nous confirment les possibilités concrètes d'organiser des manifestations croisées et d'ancrer nos liens au plus près des traditions locales dans de nombreuses villes.

Sachons cultiver ce jardin.

Gérard LABONNE

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Vori: son musée ethnologique. 

 

 A quelques kilomètres du site de Phaistos, le village de Vori abrite au sein de ruelles vénitiennes, le musée ethnologique de Crète de grand intérêt.
Ce musée est dirigé par monsieur Christophoros, francophone, toujours très disponible pour donner des compléments d'explications sur l'histoire du musée et sur les projets en cours comme l'agrandissement par exemple.
La richesse de cet établissement réside surtout dans la qualité des objets exposés.
La Crète est la présente dans sept tableaux regroupant les cultures et les traditions sur plusieurs générations de Crétois.

Tableau 1

L'alimentation avec la présentation des spécialités de l'île : plantes sauvages, escargots, miel, accompagnée d'une multitude d'ustensiles de cuisine.

Tableau 2

Les métiers de la construction rejoignent les métiers de l'art décoratif : maçons, tailleurs de pierres, forgerons sont à l'honneur.

Tableau 3

Toute la technique du tissage est détaillée : l'usage des aiguilles, des bobines et des dévidoirs est présentée avec le métier à tisser utilisé dans toute la Crète.

Tableau 4

La production et le commerce prolongent les pratiques ancestrales.La place du potier et ses techniques sont au cœur du tableau.

Tableau 5

L'art de la vannerie s'appuie sur les us et traditions régionales, voire même locales. kofa, kalaqi, kofinaki, tous ces paniers et corbeilles marquent bien cette diversité.

Tableau 6

Les mœurs et coutumes en vitrine ! Les talismans et objets du cultes entourent des ornements sacerdotaux. La religion si présente dans la vie l'est aussi à Vori

Tableau 7

L'organisation sociale est abordée au travers de plaisirs tels que la musique en opposition aux drames qui ont meurtri si souvent la Crète.

 

 

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Coup de coeur. 

 

Je suis sur plusieurs kilomètres un tracteur qui tire une charrette pleine de karpousa, ces gros melons verts et rouges ; une femme et deux petites filles assises à l'arrière, les jambes pendantes, comme si elles allaient les perdre. Les fillettes me font des signes, rient, elles doivent dire des choses, se moquer de moi. Ca ne fait rien, je leur souris. La femme n'a plus beaucoup de dents. Elle rit sans pudeur, un rire crénelé. Les fillettes font des gestes incompréhensibles avec leurs bras, leurs mains et leurs doigts. Elles rient. Elles aussi ont perdu beaucoup de dents. Elles aussi ont des bouches comme des murs de châteaux forts .Le tracteur a tourné à Aghia Varvara vers Gergéri. Il me revient que Vassilia m'a appelé ce matin à l'hôtel. Elle savait que je partais pour Vori. Je la comprends moins bien au téléphone. On a besoin des mains et des yeux pour saisir ce que dit la bouche.
Histoire vraie ? Assurément ! Histoire d’un voyage, d’un voyage vieux de soixante-dix ans qui part de Vourla près de Smirne en Asie Mineure. Histoire présente dans la mémoire collective, dans le sang du peuple grec. Histoire aussi d’un homme, fils d’exilé, qui part à la recherche de ses racines, sur les traces de son père. Et ce voyage le conduira de Bordeaux en Crète à Héraklion puis à Vori. Histoire d’une rencontre avec ses traditions, sa culture et ses incompréhensions. Rencontre émouvante avec la famille.
Histoire d’amour et d’espoir.
A lire.

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Brèves.

Les  6 et 7 et novembre se tenait à Bordeaux le 1er forum des associations philhellènes de France organisé par 3 associations: les Amis de Grèce et Chypre, Entre-Deux-mers Région d'Europe et Kafeneio I Hellas.  Cette manifestation a commencé dans les locaux du Conseil régional de la Gironde sous la présidence de madame Odette Turpin, députée de Gironde et vice-présidente du groupe d'amitié France/Grèce de l'Assemblée Nationale et en présence de messieurs Andréas Mavroyiannis, Ambassadeur de Chypre, Athanassios Paressoglou, Consul de Grèce à Paris et Alékos Alavanos, député européen.
La participation de 37 associations et comités de jumelage a permis aux uns et autres de se connaître, d'échanger dans un climat chaleureux.   Toutes les discussions et décisions de cette rencontre seront diffusées sous forme de CD-ROM.
Le sérieux des travaux était complété par un spectacle de grande qualité consacré à la musique et à la poésie, interprété par des artistes grecs et français. - Brasssens et Ritsos étaient au rendez vous.
Nous avons, à cette occasion, pris contact avec les associations franco-crétoises "Entre-Deux-mers, Région d'Europe " et "Crète-Alsace".  L'idée d'une rencontre entre nos trois associations courant janvier a été abordé avec pour objectif d'étudier les possibilités d'initiatives communes (à concrétiser).
Le prochain forum aura lieu dans deux ans probablement à Agde

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Les  trésors minoens.

 Il est d’usage parmi les historiens et les philologues de refuser à la Crète la possession du moindre gisement minier et d’attribuer une origine asiatique, chypriote, égéenne ou occidentale à tous les objets métalliques découverts dans les tombes des palais minoens.
Pourtant dès 1966, les prélèvements effectués par Paul FAURE (1) ont permis aux laboratoires d’Héraklion et à l’institut de géologie de l’Université de Clermont-Ferrand de déterminer une présence réelle de galène, d’argentite dans des sites répartis sur toute l’île.

1 - Déjà la mythologie et les traditions …

Déjà la mythologie et les traditions nous apportent des informations précieuses sur l'activité de la corporation des métallurgistes à l'époque minoenne. Hésiode qui célébra le premier l'enfance de Zeus dans le mont Ida de Crète avait aussi localisé l'activité du Dactile (2).Tasion époux de la déesse mère. Dans un de ses poèmes (3), les Dactyles du mont Ida sont présentés comme les inventeurs de l'art de fondre, d'allier et de travailler le cuivre. Un écrivain crétois du IIIème siècle av. J.C., Dosiadas de Kydonia, est, d'après Paul FAURE, probablement l'auteur de ce qu'on lit chez Diodore (IV,64,4) : " les Dactyles idéens passent pour avoir fait connaître l'usage du feu et découvert le cuivre et le feu ainsi que l'art de travailler ces métaux dans la région des Aptéréens, près du mont Berekynthos " (les Montagnes Blanches) La tradition montre aussi que Thalos, l'homme de bronze, tantôt l'œuvre d'Héphaistos, tantôt le neveu et rival de Dédale est le gardien et le défenseur de la Crète.
Il est représenté sur les monnaies de Phaistos comme le bon génie de cette cité. Même Dédale, contemporain de Minos, passe pour avoir inventé la scie, la hachette, diverses armes de bronze. Ajoutons encore, le Courète Itanos, inventeur du bouclier de bronze et de la danse en armes au pied du mont Dikté, à l'extrémité Est de la Crète.
Il existe une vingtaine de textes garantissant que la civilisation minoenne était liée à l'exploitation directe du cuivre dans les montagnes crétoises des Montagnes Blanches à l'extrême est de l'île. Mais le cuivre n'était pas le seul minerai exploité par les minoens. Une confirmation nous est donné dans un texte cunéiforme (4) de la bibliothèque d'Assour relatif au monde du roi de Babylone, Sargon 1er. Vers 2000av J.C., un élève de l'école des scribes du palais énumère les lieux où le héros babylonien était connu, mentionne " la terre du plomb " (anaku-ki), la Crète (Kaptara), pays au delà de la mer supérieure " c'est à dire la Méditerranée.
Les textes égyptiens de la XVIIIème dynastie et les peintures des tombeaux thébains du XVème siècle av. J.C. désignent plusieurs fois la Crète comme pays minier (5).
Entre 1375 et 1350 avant J.C. les textes d'Ougarit, sur la côte syrienne, célèbrent longuement les mérites du dieu au double nom, Kothar wa Kasis, " l'Adroit et l'Astucieux ". Ce dieu est chargé de construire le palais de Baal. Pour se faire, il est à la fois architecte, forgeron, devin, prospecteur et mineur. Il s'associe au dieu Shapash, dans les lieux souterrains, au fond des gouffres et sous les sources. On peut lire dans un des poèmes d'Ougarit, que ce dieu a sa résidence en Crète, Kaphtor (6). Ces écrits désignent bien la Crète comme le pays des métaux précieux et le pays des artisans de l'or, de l'argent. On trouve trace également sur les tablettes (7) en linéaire B trouvées à Knossos et Pylos où les mots " argent ", " argentés ", " fait d'argent " sont visibles.
Après la disparition de la civilisation minoenne, les objets en argent se font rares. Au cours du Vème siècle av. J.C., la monnaie d'argent apparaît en grande quantité à Phaistos, puis plus tard vers 330, de nombreuses villes crétoises ouvrent des ateliers monétaires. Certains historiens adoptent la théorie selon laquelle cet argent proviendrait de la solde des mercenaires crétois de retour d'Egypte, de Cyrénaïque, de Rhodes. Ces soldes pourtant ne représentaient qu'une faible partie (1%) de la monnaie en circulation. Il faut bien envisager sérieusement la provenance crétoise de ces richesses.

II - Sur les traces de Paul Faure dans les mines du roi Minos

Le travail de terrain effectué par Paul FAURE pendant plus de 30 ans, en Crète, éclaire sans équivoque, sur l'importance des mines du roi Minos.
Les crétois n'ont pas menti.
Voici la liste partielle des effleurements de différents minerais établie à partir de la prospection de Paul Faure et de ses amis géologues :

Lassithiou :

1) à 1km500 du village de Misirgiou au lieu dit Brush, présence de traces de malachite (*)
2) au lieu dit Xrisokamino à 3km au nord du village de Kavousi, au sommet d'un promontoire qui domine la mer de 50m apparaissent sur une surface elliptique de 400m², les débris d'un four de terre. On peut aisément ramasser de nombreux fragments d'enduits intérieurs d'argile, des scories de silicate d'aluminium. L'étude de ces traces prouve qu'il s'agit du traitement par fusion de chalcopyrite (*).
3) à Xerokampos, sur la côte sud, entre les établissements minoens de Lidoriko Skismenes et Malamoures au nord et le lieu dit Kalopotami, on trouve des traces de fours et de morceaux de plomb.
4) en bordure du plateau de Katharo (alt 1100m) à 6km de Krista, on trouve une grande variété de roches éruptives : granit, rhyolite (*), diorite (*). On y exploite un silicate de magnésium (talc), extrémement pur. Des sondages faits p ar l'institut de géologie d'Athènes en 1957 ont décelé la trace de minerais de cuivre et de nickel. Ce qui interpelle les archéologues, c'est que les bergers et les paysans de Selakano et de Krista ont vendu depuis plus d'un siècle à des collectionneurs étrangers de nombreuses armes de bronze et de doubles haches, dont une gravée de deux signes de linéaire A en provenance de cette région.
5) au lieu dit kefala, à 500m au sud-ouest de Kalami on a repéré en 1955 des carbonates de cuivre. Or à une demie heure de marche plus au sud existent divers sites minoens et surtout, à Arvi, aux lieux-dits kamini (le four) et tartari (la gorge) les fouilles paysannes ont dégagé des ruines de toutes les époques minoennes et procuré des épées et des haches de bronze.
6) Vroukhas, à une heure et demie de marche au nord ouest du village au revers du cap Agios Ioannis, au lieu dit sthn Cwmatista, on ramasse des blocs contenant de la galène argentifère (*), de la blende (*) et des pyrites (*). Les effleurements se poursuivent jusque sous la surface de la mer.

Herakliou :

1) dans le premier vallon à l'ouest du village Lenta (Karimouriou), antique Lebina , un ingénieur chimiste M. Mikhaïl Diallinas, en 1966, a relevé des traces de malachite. A 2km du village au lieu dit Zerbo$, célèbre par ses tombes à coupoles, Paul Faure a noté la présence d'un abondant gisement de malachite et d'azurite (*) sur la rive gauche du torrent avec un puits de mine ou d'aération antique. L'exploitation minière hellénistique et romaine est certaine dans le village voisin aux lieux-dits Xrisolakko$ et Sterne$ (présence de conduites d'eau, de tessons et de broyeurs de pierre de l'époque romaine).
2) à l'extrémité sud ouest de la commune d'Antiskari (Kainouriou), à cinq minutes de marche à l'est des ruines de l'antique Lasaia, une entreprise grecque (Psaromanolis et Cie) a essayé en 1952 de reprendre l'exploitation antique des carbonates de cuivre. Elle a abandonné des monceaux de pierres vertes contenant jusqu'à 20% de cuivre. Parmi les pierres de rebut entassées, Paul Faure a ramassé des tessons de vases d'argile des trois époques minoennes (visibles au Musée d'Heraklion). On a affaire ici à l'une des plus grandes carrières de Crète. L'exploitation de différents minerais (fer, cuivre, et peut être plomb) s'est poursuivie aux époques hellénistique et romaine.
3) Fodele : au flanc ouest du mont Asimi (l'argent) qui domine le village de ses 438m on voit des fosses parmi les schistes où abondent des traces de fer, de manganèse (*) et d'érythrite (*).

Rethymnou :

1) Ano Varsamonero : à 400m à l'est du village au lieu dit Druade (les chênes) à côté d'une source apparaissent des filons de galène, de blende et de pyrite.
2) Argyroupolis : ce village au flanc nord du mont Azonas est établi sur les ruines de l'antique Lappa. Le nom expressif de " ville de l'argent " lui a été donné en 1822 par l'aventurier Mikhaïl Afentouliev parce qu'on y trouve de la galène argentifère dans les schistes sur lesquels est construit le village. Par contre il n'y a pas de traces de minerai argentifère aussi il n'est pas exclus que ce toponyme garde la tradition d'un gisement ancien aujourd'hui épuisé.

Hania :

1) à Meskla, antique Keraia, le minerai de cuivre est présent en plusieurs endroits : aux lieux-dits Tou Massoulou o Balakka$ (alt 500m) à une heure de marche au sud-est du village, au flanc droit du ravin d'Acele et dans le lit de deux rivières (Karmiri et Kairith$), le premier site est un énorme rocher siliceux imprégné de carbonate de cuivre et de fer ; d'après les habitants une galerie de mine ouverte dans le ravin de la source Nikoliana, maintenant effondrée, contenait du cuivre. Le fer abonde également dans la commune de Meskla. Du territoire de l'antique Aptera dont parle Diodore, jusqu'aux gisements de cuivre et de fer il n'y avait que trois à quatre heures de marche.
2) Plakalona à 200m au sud du col qui franchit la route Hania Kastelli, sur le sommet de la colline où l'OTE a installé une station de télécommunications en 1970, on trouve un filon de galène argentifère qui contient 2g d'argent au kilo. Toute la région de Plakalona-Ravdouka-Rodopou est extrêmement riche en fer sous la forme de limonite (*), pyrite et ocre (*).
3) au sud des Montagnes Blanches, à l'ouest de Kampanou, Olivier Davies signalait en 1935 l'existence de longues galeries creusées au flanc d'une colline dépendant de l'antique cité d'Elyros. Le hameau d'Argasthri doit son nom à ces travaux de mines. Traditionnellement l'éparchie de Selinon passe pour le pays des chaudronniers et ses habitants, dit le proverbe, ont une âme de cuivre (Mpakirinou$).
En outre il y a lieu de penser que d'autres gisements existent dans le reste de la Crète. La mine d'or que signale le géographe Edrisi en 1154 auprès des jardins fruitiers de La Canée est très vraisemblablement une des mines de chalcopyrite de la région de Phournes-Skines-Alikianou, au centre du verger cydonien. Les vieux paysans de Prasses ont vu dans leur jeunesse des puits de mines de cuivre au lieu-dit Laureion vers le sud. D'autres en ont vu à Giannikiana, dans le village d'Orthouni, ce que rend possible la proximité des gisements de Phournes, de Lakkous et de Meskla. A voir comment les champs de fouilles se recouvrent de terre en quelques années on ne peut s'étonner que bien des mines soient devenues invisibles. L'aspect des dômes volcaniques des hauteurs du sud de l'Ida analogues à ceux de Chypre et jusqu'à présent inexplorés pourraient bien nous réserver quelques surprises. Si la richesse géologique minoenne est réelle mais encore mal connue elle a néanmoins permis aux contemporains de Minos de développer une économie prospère et une présence artistique réelle dans les domaines de la bijouterie et de la décoration.

Les dernières découvertes des scientifiques du laboratoire de recherche du Musée de France ont montré que le maquillage des femmes égyptiennes était le résultat de véritables travaux de chimiste. Ces connaissances étaient partagées par les grecs comme le montrent les textes de Pline et de Dioscoride du 1er siècle après JC. Ces textes décrivent la transformation de " l'écume d'argent purifié " (oxyde de plomb) en une poudre de soin blanche : la laurionite. La galène chauffée permettait d'obtenir l'oxyde de plomb qui était à son tour broyé puis mélangé à du sel, puis dilué dans l'eau.Filtré et complété par de l'eau salée : cette opération répétée pendant 40 jours aboutissaient à la création de la laurionite. Intégrée dans des matières grasses cette substance devenait des fards onctueux.Et voilà un des secrets probables de la beauté de " La Parisienne " de Knossos.

notes:

(1) Paul FAURE : Normalien, agrégé de l'Université , titulaire du doctorat d'Etat avec une thèse portant sur les fonctions des cavernes crétoises en 1964, a enseigné les lettres classiques à l'institut d'études latines de la Sorbonne et fut professeur honoraire de langue et de civilisation hellénique à l'Université de Clermont-Ferrand. Paul FAURE est très connu des bergers et des paysans crétois car pendant plus de 33 ans, il a exploré la Crète en spéléologue, en archéologue, en historien. Ses recherches et ses découvertes lui ont valu d'être citoyen d'honneur de la ville d'Héraklion. Biographe d'Ulysse et d'Alexandre, il est auteur de " " la vie quotidienne en Crète au temps du roi Minos ", " la vie quotidienne en Grèce au temps de la guerre de Troie ", " la vie quotidienne des colons grecs de la mer Noire à l'Atlantique au siècle de Pythagore ", " la vie quotidienne des armées d'Alexandre ". Il a publié de nombreuses contributions au BCH ( Bulletin de Correspondance Hellénique), à la REG (Revue d'Etudes Grecques) et à la R.A. (Revue Archéologique) de Paris, à la revue crétoise Kritika Kronika (Kr. Khr.), au bulletin de l'Association G. Budé et aux différents congrès internationaux tenus en Crète. ( Retour au texte)
(2) Les dactyles, au nombre de cinq ou dix suivant les récits, étaient considérés comme des magiciens. (Retour au texte)
(3) Souda : V° Hsiodo$ (Retour au texte)
(4) D. SCHRODER, Keilschriften aus Assur, MDOG, 1920, tablette n°92, ligne 41. - A.H. SAYCE, Krete in Babylonian and Old Testament Texts, Essays in Aegean Archaeology presented by Sir Arthur EVANS, ed. by S. Casson, Oxford 1927 107-110 . ( Retour au texte )
(5) Parmi les tributaires de l'an 42 du règne de Thoutmosis III ( en 1461-1460 av. .J.C.) " le chef du pays Tanaja " (des Danaoi d'Argoline) apporte " une cruche d'argent en forme d'aiguière, travail du pays Keftiou (crétois) ainsi que 4 vases de pierre b; (peut être du fer, benipe -dixit P. Faure)à anses d'argent ". Dans le tombeau de Menkheperrèseneb, grand prêtre d'Amon et administrateur du trésor du pharaon, vers 1450 - 1440, on apprend que le roi du pays keftiou a apporté en tout premier lieu un tribut d'argent ; A cette époque, en Egypte, l'argent valait plus cher que l'or. ( Retour au texte)
(6) Poème de Baal et 'Anat, tablette V AB, colonne VI, vers 15. ( Retour au texte )
(7) Tablettes Kn As 609.3 et PY Sa 2874 ( Retour au texte )

 

Lexique

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Rapaces.

 En Crète on rencontre plusieurs rapaces : des gypaètes barbus des vautours, des éperviers, des buses, des aigles et des faucons, des chouettes et des hiboux, et quelques vautours dans la partie occidentale. Il est vrai que la Crète est un véritable paradis pour toutes ces espèces, car l’île est très montagneuse, et ils sont très peu chassés par l’homme.
On observe principalement des Vautours Fauves, des Faucons Pélerins et Faucons Crécerelles, des Buses Variables, des Chouettes Effraies et des Hiboux Petits-Ducs. Enfin on trouve également l’Aigle Royal et l’Aigle de Bonelli.
Le rôle des rapaces est important comme chacun le sait. Ils sont régulateurs, en quelque sorte ils contrôlent l’évolution de certaines espèces. Ils éliminent les individus malades et les charognes. Ils contribuent à l’assainissement de certaines populations animales. L’homme leur a souvent donné une réputation de meurtriers ; ils chassent simplement pour manger.
Voici un petit aperçu de ces individus que vous pourrez observer   lors de vos prochaines randonnées.

Appelé " skara " en Crète, le Vautour Fauve possède un plumage marron, une queue courte plus foncée, son cou et sa tête sont blanc gris. Il vit en groupe, et la plupart du temps dans les montagnes les plus escarpées. Il se nourrit essentiellement de charognes, vidant les animaux déjà morts.
Les Faucons Pélerins
, " spizias ou falconas ", sont d'une couleur grisâtre, sauf la partie inférieure qui est blanche ou jaune, enfin leur tête est noire. Large de poitrine et d'épaules, ce rapace est un des plus puissants de son espèce. Sa queue et ses ailes sont pointues. Il vole terriblement vite : en effet il peut atteindre 400km/h. Ce qui lui permet d'attraper pratiquement toutes ses proies en l'air. Ce qui ne l'empêche pas d'attraper de petits mammifères. S'il aime bien les rochers où il s'installe pour nicher, il affectionne également les marécages et les plages.
Les Faucons Crécerelles, " kirkinézi ou anémogamis ", ont leur partie supérieure châtain roux agrémentée de taches noires, la partie inférieure étant blond pâle avec quelques taches marron foncé. Ceci pour les mâles. Ce qui différencie la femelle, c'est qua sa partie supérieure est zébrée de traits horizontaux noirs. Ce rapace possède une longue queue et se caractérise par son battement d'ailes " sur-place " qui dure quelques secondes. Pour chasser il rase quasiment le sol, très doucement. On le retrouve donc dans de vastes étendues. A son menu on trouve des petits rongeurs, des reptiles, des araignées, des petits oiseaux.

Les Buses Variables ou " ladougogérako " sont généralement marron avec une partie inférieure blanchâtre parsemée de taches et de rayures. La queue courte est claire, et rayée de gris et de noir. L'oiseau passe bien souvent son temps à chasser du haut d'un piquet ou d'une branche d'arbre. Il préfère ainsi la forêt, quelquefois les champs ou les rochers. Son régime alimentaire ressemble à celui des faucons crécerelles. Exceptionnellement il se nourrit de charognes.
Les Chouettes Effraie
s , " haropouli ", ont une belle partie supérieure d'une couleur jaune blond, ou bien légèrement châtain ou orangée. Le visage et la partie inférieure sont blancs, plus rarement blonds, avec quelquefois de petites tâches sur la poitrine. Elles ont de longues pattes et une queue courte. Leur visage en forme de cœur est équipé de deux petits yeux noirs. Leur vol est très léger et agile. La nuit elles quittent les vieilles maisons où elles nichent le jour, pour aller chasser de petits rongeurs ou bien des oiseaux.
Les Hiboux Petits-Ducs
appelés " klossos ", sont d'un gris sombre parsemé de taches blanchâtres avec de petites mouchetures de couleur marron foncé ou noire. Son ventre est plus clair, mais toujours avec ces nombreuses taches. La particularité de ce rapace c'est qu'il possède deux beaux yeux d'un jaune vif. Il vit la nuit et se nourrit essentiellement de gros insectes. Son repaire se situe soit dans un tronc d'arbre, soit dans le trou d'un mur.L'Aigle Royal ou " vitsila "est le plus grand aigle d'Europe, facile à repérer lorsqu'il plane, les ailes surélevées au dessus du corps. Généralement de couleur marron foncé il a la nuque jaunâtre, légèrement dorée. Il fréquente aussi bien la montagne qu'une vallée rocheuse, riche en végétation, mais on le trouve également en terrain dégagé. Il adore les petits mammifères, mais se nourrit aussi d'oiseaux, de tortues, et l'hiver de charognes. Il niche surtout dans les rochers.
L'Aigle de Bonelli, " skarovistsila " est également marron foncé, mais avec une partie inférieure de couleur gris blanc parsemée de taches marron. On le reconnaît à sa queue et à ses ailes très fines .Il chasse souvent en couple, et peut passer plusieurs heures à voler. Il est assez rare de l'apercevoir, et c'est donc toujours un plaisir de pouvoir l'observer. Il se montre près des pentes peu boisées, car dans le maquis il peut facilement repérer lézards, serpents et petits mammifères qui font son festin. Il mange également des oiseaux. C'est un oiseau endémique.Contrairement à l'Aigle Royal dont le nombre d'individus diminue, cette espèce est stable. Et nous avons eu la chance, cette année en octobre, d'observer plusieurs aigles de Bonelli en effectuant la randonnée Anapoli - Loutro
.

 

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Humour.

 

Les habitués de la Crète ont pu constater que les grèves sauvages et désertes commencent à céder la place à des plages colonisées par une nouvelle espèce de plantes :

LE TRANSATUS.

Le Transatus connu sous le nom courant de transat est un O.G.M (Organisme Génétiquement Modifié) du transat méditerranéen. Planté dans les années 90 puis domestiqué par l'homme sur les plages de sable fin qui faisaient le charme de la Crète quand elles étaient désertes, l'existence de cette espèce a comme conséquence de sédentariser momentanément le touriste utilisateur de DAB(1).

Ses colonies facilement identifiables par la régularité de leur organisation et l'homogénéité de leur couleur s'accommodent parfaitement des sols de petite granulométrie. On constate sur les mêmes lieux l'existence simultanée de colonies de parasolus qui par mimétisme ont développé les mêmes couleurs que les transatus. Ces deux plantes cohabitent sous un régime de PACS, dont le fonctionnement est le suivant :

Quand le transat est occupé par un touriste, le parasol s'ouvre empêchant ainsi l'évaporation trop rapide de l'huile solaire ou crème à bronzer dont le transat se nourrit grâce à la large surface de contact entre ses feuilles et le corps du touriste.
Quand le transat est vide, le parasol se referme, laissant le transat au soleil pour faciliter la photosynthèse dont le réactif principal est l'abondante protection solaire. Ce mode d'alimentation explique les racines très courtes et peu pénétrantes dans le sol et l'importante surface des feuilles chargées de l'alimentation de la plante.

En cas d'ablation complète des racines, les feuilles se retrouvent en contact avec le sol, le touriste se fait plus rare et l'élément nutritif avec, la colonie de transat disparaît à plus ou moins long terme. Si on augmente la granulométrie du sol on constate qu'il existe une limite au-delà de laquelle l'implantation du parasol n'est plus possible, le touriste ne vient plus, la plante n'est plus alimentée et meurt alors, la colonie peut se réimplanter sur un sol plus propice.

On a pu observer chez certains sujets occupés pendant longtemps une déformation temporaire voire permanente de la structure des feuilles. Cette déformation est fonction d'un certain nombre de paramètres parmi lesquels on trouve.

  • Le poids de l'occupant.
  • Le sexe de l'occupant.
  • Le temps d'occupation du transat.

Les colonies de transat sont en développement constant mais hélas non maîtrisé, on peut envisager à terme une situation semblable à celle crée par la taxyphollia en méditerranée ce qui n'est pas sans inquiéter la communauté scientifique malgré tout fort désarmée devant la toute puissance des intérêts économiques

(1) DAB : voir numéro précédent.

 

 

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Mots croisés.

PASSEPORT POUR LES ENFERS

 
mots_croisés.jpg (32185 octets) VERTICAL
D Chien tricéphale ; toujours assoifé
F juge aux enfers.
J Affluent de l'Acheron.
K On y prête un serment solennel.
L Sa pierre roule sans fin.
M tient l'écheveau de la vie
N Célèbre faucheuse.
P reine des enfers
R roi des morts ; second juge infernal.

HORIZONTAL

2 Fleuve sombre et limoneux
4 Séjour des bienheureux.
6 Lieu de supplice éternel.
8 Dans la bouche du mort.
9 Rochers des enfers ; juge crétois.
11 Dieu qui amène des morts
12 Fleuve d'oubli ; affluent de l'Achéron.
14 Une des cinquante condamnées ; écartelé sur une roue.
16 Elles tissent les jours des humains.
17 Tranche le fil de la vie.
18 Déesse de la vengeance.

SOLUTION DANS LE NUMERO 6

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