Voici les extraits des articles  du Bulletin N°18 de l'association.
premier trimestre 2003
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SOMMAIRE DU N° 18


Editorial: Gerard LABONNE  Traduction D.M: 



 

Editorial

 

Edito : Un nouveau journal  

 

Néo! Nouveau ! Voici , le nouveau journal de l'association " Crète : terre de rencontres ".
Fort de quatre années d'expérience ininterrompue, l'ancien bulletin trimestriel de l'association se métamorphose et cède la place à " Ge?a sa? " qui va éclairer d'un nouveau jour notre regard sur cette Crète tant appréciée, grâce à une nouvelle présentation et à une pagination plus agréable et plus moderne.

s'adresse à tous les amoureux de la Crète, à tous les philhellènes ; il aspire à toucher un large public, passionné par la vie de cette île, curieux de découvrir l'histoire, les traditions, les luttes éternelles et les espoirs de cette terre, berceau de l'Europe, de ces Grecs du Sud.

montrera les enjeux actuels, économiques, politiques et culturels de cette région au carrefour de trois continents ; avec la même volonté, il défendra les valeurs qui constituent l'héritage précieux des siècles passés.

soutiendra avec enthousiasme et fierté les initiatives et les manifestations de toutes celles et ceux, associations, institutionnels ou individuels qui ont " la Crète au cœur ", qui contribuent à la découverte de cette île, qui favorisent l'échange entre les cultures dans le respect mutuel. C'est pourquoi une large place sera accordée aux acteurs : comptes rendus, courrier des lecteurs apporteront les témoignages du terrain. A fortiori, notre journal combat l'obscurantisme et les tentations arrogantes de domination sous toutes ses formes. La culture ne peut se développer au milieu des conflits, qu'ils soient proches ou lointains.

Vous le voyez, affiche une forte ambition: présenter, analyser, rendre compte de ce qui constitue la vie crétoise. Et parce que nous sommes une association et non un serviteur de l'empire médiatique, la rédaction de " compte sur vous, vous qui êtes lecteurs occasionnels ou réguliers, vous qui avez des choses à dire, "est votre journal, il vivra si vous le souhaitez; nous comptons sur vous pour mieux partager notre passion.

Gérard LABONNE

 

 


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Histoire de Candieà travers l'histoire de la Crète.

 

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Naissance d'une capitale
De 824 à 961 durée de la présence arabe, les Sarrasins occupent la Crète, lieu stratégique et fort commode pour leurs opérations de piraterie. Ils fondent la ville d'al - Khandak , fortifient efficacement la cité et l'entourent d'un large fossé.
En 961, après une année de siège, le stratège byzantin Nicéphore Phocas s'empare de la ville, mais Khandak est entièrement détruite. Il organise alors la défense de l'île, effectuant de nombreux travaux de fortification.
Les byzantins travaillent également au rétablissement du christianisme. On construit de belles églises.
Nombre de nobles familles byzantines s'installent en Crète. Le commerce est de nouveau prospère, la Crète retrouve peu à peu la paix.
Mais en 1204, les croisés s'emparent de Constantinople, l'empire d'Orient éclate. Les Vénitiens se partagent ce qui reste de l'empire, et la Crète est achetée au roi de Thessalonique, Boniface de Montferrat.
C'est en 1212 que les Vénitiens s'assurent du contrôle de l'île. Elle est gérée par un gouverneur portant le titre de Duc de Crète et est séparée en deux cents fiefs distribués à des nobles vénitiens chargés de puiser dans les richesses agricoles.
Durant la domination vénitienne, le siège du royaume de Crète se trouve à Khandak, rebaptisée Candie. L'église orthodoxe est soumise à l'église latine : les évêques orthodoxes sont remplacés par un archevêque latin.
Il faut attendre le XIIIe siècle , notamment en 1282, pour qu'une révolte particulièrement acharnée, aboutisse à des mesures telles que l'autorisation de mariages mixtes, la libération des esclaves, et le retour de l'église orthodoxe.
D'autres révoltes secouent la Crète jusqu'en 1527 ; à compter de cette date la bourgeoisie crétoise se rapproche des autorités vénitiennes.
Le XVIe siècle voit enfin le retour de la paix, et la Crète va connaître un épanouissement sans précédent, devenant à nouveau un centre important d'échanges commerciaux, entre la Mer Rouge et l'Europe occidentale notamment

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Visited'Héraklion: quelques pistes.

 


Capitale de la Crète, Héraklion, autrefois " Candie ", offre au voyageur, dès son arrivée par air ou par mer, son étendue cosmopolite et composite sur la frange côtière Nord de l'île. Ne vous attendez pas à découvrir une calme petite bourgade portuaire. De nos jours la ville présente un pot pourri de laideur et de beauté, un compromis entre ancien et moderne, paisiblement assumé et néanmoins pétri de vitalité, ce qui fournit aux visiteurs toutes sortes de surprises et de satisfactions, sous un vernis de banal et de sordide. Autour du port ou de l'aéroport où commence la visite, l'agitation est d'ailleurs permanente. Dans les rues, sur les places, à l'ombre des fontaines, au gré des marchés, du port, des musées, des églises et des tavernes, Héraklion procure au voyageur les centres d'intérêt les plus divers ; sans vouloir prétendre à l'exhaustivité, pour permettre à tous, profanes ou non, de profiter de cette ville bigarrée, nous allons tenter de vous donner quelques pistes plus ou moins connues.

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Humour: à fond de cale.

 

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Les yeux dans les yeux, votre idylle commence, vous reculez, il avance, ponctuant sa marche de nombreux " right " et " left " matinés d'un fort accent grec. Oh surprise ! Ses gestes traduisent exactement l'inverse de ce que votre anglais scolaire vous a enseigné ; le right devient gauche et le left devient droite. Certes, vos souvenirs de la langue de Shakespeare sont loin, vos acquis peut-être fragiles, mais vous ne vous imaginiez pas à ce point ignare, car s'il y a deux mots, dont vous êtes persuadé de maîtriser parfaitement la signification, ce sont bien ces deux là. Vos mains sur le volant suivent donc des trajectoires en parfait accord avec vos réminiscences linguistiques…mais en parfait désaccord avec les désirs de votre guide.
D'ailleurs, il les refuse systématiquement, ponctuant vos erreurs d'un coup de sifflet strident et sans appel. Les right et left deviennent de plus en plus assourdissants, de plus en plus nombreux, et agressifs, les promenades en ligne droite se muent en un cauchemar de zigzags. Ses yeux deviennent de plus en plus orageux, sa main délicatement posée au départ sur le capot commence à menacer votre carrosserie ; la situation vous échappe et le ton s'envenime. C'est une scène de ménage ! Abandonnant son anglais académique, il revient à sa langue maternelle, sans ambiguïté sur vos capacités de chauffeur, vu le ton employé ; mais la situation s'aggrave encore quand un autre véhicule tente, sans son aval, de se glisser unilatéralement à un emplacement privilégié. La tension est à son comble. Son langage mêle une succession de coup de sifflets qu'il éructe à des mots en grec, en anglais, en dialecte local, voire même en minoen. De guerre las, désespéré par votre incompétence, il vous plaque au milieu du pont ou vous confie à un collègue. C'est la rupture, l'idylle est consommée, il renonce. De relations éphémères en relations conflictuelles avec les hommes de pont, vous finirez par comprendre au fil des traversées que la droite d'un homme qui recule est la gauche d'un homme qui avance face à vous, et vous atteindrez enfin l'objectif fixé.

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L'invité du mois: Yvette RENOUX-HERBERT.

 

Madame Yvette Renoux-Herbert est présidente de la section française de la " Société des Amis de Nikos Kazantzaki ". Au cours de son activité professionnelle notamment à l'UNESCO, en 1947, madame Renoux-Herbert a travaillé aux cotés de l'écrivain crétois Kazantzaki qui était à cette époque conseiller à la littérature. A ce titre, elle porte un témoignage unique sur l'homme, l'auteur et ses rapports avec la société.

C T de R : Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Nikos Kazantzaki

Kazantzaki était un ami de mon père, Jean Herbert, depuis les années 20. Ils se connaissaient grâce à Eleni qu'il avait déjà rencontrée parce qu'elle écrivait un livre sur Gandhi. Quand mon père revenant de ses séjours en Orient, passait par la Grèce, il s'arrêtait chez les Kazantzaki et ils parlaient de l'Inde et du Bouddhisme . J'ai retrouvé dans " Le Dissident " les traces de cette amitié.
Kazantzaki a cherché pendant des années à se faire publier. Mon père lui fit connaître une de ses amies, une vieille américaine richissime, Joséphine Mac Loed qui rendit visite au couple à Egine et laissa mille cinq cents dollars pour une première publication de trois cents exemplaires in-folio de son grand poème " l'Odyssée " en grec.
Interprète de conférence depuis 1919 (il traduisit Clemenceau), Jean Herbert reprit du service après la guerre auprès de l'ONU à New York, en qualité de chef des interprètes.
En 1946, quand l'UNESCO fut créée le directeur général Julien Huxley lui offrit de prendre la direction d'un projet de traduction des grandes œuvres de l'humanité, l'un des grands projets qu'il entendait mettre en œuvre. Mon père, n'étant pas libre d'accepter ce poste, proposa le nom de Kazantzaki. C'était une aubaine car celui-ci se trouvait dans une situation financière difficile. Il faut dire par ailleurs qu'il avait toutes les qualifications pour ce poste, car il était très connu dans son pays en tant que traducteur de nombreuses œuvres classiques. Le gouvernement grec de l'époque pour sa part se montra très hostile à cette nomination pour des raisons politiques, considérant l'écrivain comme ayant des sympathies pour l'URSS où il s'était rendu avec son ami Panaït Istrati avant la guerre.
Finalement, la nomination se fit et, malgré ses réticences à devenir fonctionnaire, Kazantzaki accepta et c'est donc à cette occasion que je l'ai rencontré en février 1947. Voilà ce qu'il écrivait à une amie " C'est fait, j'ai accepté ; je me suis chargé d'un terrible travail préparatoire, comment organiser la traduction en diverses langues de toutes les œuvres exceptionnelles de toutes les époques dans le domaine de la littérature, de la philosophie, des sciences physiques, de la sociologie, etc ? Ce travail sera soumis à la Conférence Générale qui se tiendra au mois de novembre. Si on l'accepte la réalisation commencera tout de suite ; travail terrible et tout le temps des réunions, des comités d'hommes excellents mais par trop bureaucrates ; Il faut beaucoup lutter pour arriver à mettre un peu d'ordre, pour concentrer le nuage et lui donner une forme solide. Les hommes se perdent dans les grands desseins et dans des maux et ils ne sentent pas quel est le rythme divin de la marche sur le sol. "
Il reste une année à l'Unesco, jusqu'en mars 1948.
Ma première rencontre : C'est mon père qui m'amena voir ce monsieur que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Je n'avais pas lu une seule ligne de ses œuvres puisqu'il n'existait pratiquement aucune traduction en français. Nous nous sommes retrouvés chez le journaliste et helléniste René Puaux, qui hébergeait le couple Kazantzaki dans une chambre de son appartement bourgeois, place de la Madeleine. Je suis entrée dans ce salon où Nikos était assis dans le grand fauteuil qui lui était attribué, le fauteuil du poète comme on l'appelait ; Eleni était là, bien sûr. On a parlé de ce projet et il m'a demandé si je voulais être sa collaboratrice. Comme je m'ennuyais à l'UNESCO, je lui répondis que j'étais partante. Nous parlions en français, car Kazantzaki maîtrisait parfaitement notre langue.
Je peux vous brosser son portrait car mon souvenir est demeuré très précis : un homme grand, mince, très mince, maigre même ; il se tenait extrêmement droit, il avait une très belle tête avec un front bombé, des yeux très enfoncés, une voix un peu rocailleuse, avec un assez fort accent ; il était très impressionnant, il avait 64 ans, j'en avais 22 ans et j'étais pétrifiée de timidité. Nous nous sommes mis d'accord et nous avons emménagé à l'UNESCO, hôtel Majestic à l'époque, ancien QG de l'armée allemande ; notre lieu de travail comportait une chambre faisant office de bureau pour nous deux et une salle de bains.

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.Mots croisés.

 

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