CLAUDINE, CATHERINE, SABINE ET JEAN-GUY EN CRETE DU 8 AU 22 AVRIL 2002
Texte établi par Jean-Guy en modifiant un récit plus personnel
de Sabine
Les préparatifs
Le projet
Notre idée était de découvrir la Crête, nous
dépayser, randonner, observer la nature.
Quinze jours de vacances à quatre amis.
Un peu à l'aventure, par manque de temps pour préparer vraiment
le parcours.
Contacts avant le départ
" Demandes d'informations à l'association " Crète
: terre de rencontres "
" Réservation des billets d'avion charter Nouvelles Frontières
(départ et retour les lundis)
Livres et cartes emportés
" Les deux cartes : de la Crète au 1/ 100.000 de Harms IC
Verlag, achetées à l'Astrolabe
" Le grec de poche (Assimil évasion)
" Guide Gallimard Crète
" Guide du Routard Grèce
" Faune et flore méditerranéennes (Gründ Nature
Poche)
" Un guide ornitho
" Fleurs sauvages de la Grèce (de Georges Sfikas, Efstathiadis
Group) acheté sur place
Petit journal de voyage
Le parcours des deux semaines
Héraklion, La Canée, Kefali, Hrisoskalitissa, Elafonissi,
Paleochora, Sougia, Omalos, Sougia, Loutro, Hora Sfakion, Héraklion.
Lundi 8 avril
Départ de Paris, arrivée à Héraklion après
3 heures de vol.
Alors que l'avion était bien rempli, nous étions les seuls
à prendre un bus régulier pour aller au centre-ville (les
autres passagers ont empli des cars pour touristes, des taxis ou des voitures
de location).
Le syndicat d'initiative à Héraklion était (si nous
avons bien compris) " fermé cette année suite à
des problèmes ".
Chambre rapidement trouvée au Rent Room Hellas (adresse du Routard).
Visite intéressante du musée archéologique, notamment
pour les remarquables poteries et figurines en terre cuite. Mais fresques
un peu décevantes pour ce qu'il en reste.
Depuis la terrasse de l'hôtel où nous petit-déjeunons,
la vue sur les toits est étonnante : nombreux réservoirs
cylindriques ou citernes, panneaux solaires, terrasses surmontées
de petites maisons à un niveau ou autres édicules, ferraillages
verticaux qui prolongent les maçonneries, câbles électriques
aux parcours inattendus
Mardi 9 avril
Bus pour aller visiter Knossos.
Au pique-nique nous savourons des feuilletés aux herbes et des
feuilletés au fromage.
Puis ballade sur la colline en face du site antique : iris de Crête,
orchidées (serapia et autres), anémone blanche, glaïeul
d'Illyrie.
Et nous prenons plaisir à faire voler les parachutes géants
des fruits des salsifis sauvages.
Mercredi 10 avril
Bus pour La Canée. Voyage plus long que ce que nous supposions
en regardant une carte. Chambre assez rapidement trouvée chez l'habitant,
près du marché couvert, grâce à une enseigne
en façade. Visite de la ville.
Minaret et mosquée rappellent la période turque de la ville.
Emouvante et gracieuse synagogue.
Des poulpes (ou pieuvres ?) sèchent à un mur.
Port agréable. Vestiges minoens dans certains quartiers.
Jeudi 11 avril
Un petit tour jusqu'au marché populaire des bastions ouest, puis
bus pour Kefali.
Pendant le trajet nous constatons avec étonnement que certains
paysages sont très verdoyants.
Nous commençons à Kefali la partie pédestre de nos
vacances. Et Kefali en grec signifie
: TETE !! Nous allons suivre,
à quelques variantes près, le sentier européen E4.
Après avoir confortablement pique-niqué dans le village
(table et banc en bois), en avant ! -d'autant plus qu'il est déjà
presque 16h 30mn
Nous traversons le village de Vathi, et sur les bords de route découvrons
l'orchis d'Italie et l'ophrys de Crète (reconnaissable par ses
deux bandes blanches).
Puis une route serpentant au creux de paysages montagneux de type garrigue
nous conduit vers Stomio , où nous espérions trouver un
hébergement.
Mais de Stomio, bombardé en 1940, il ne reste que des ruines et
une cimenterie (nous n'avions pas pris soin de bien lire la carte, dont
la légende précise qu'il s'agit d'un ancien village).
Le crépuscule arrive et nous échouons finalement dans un
hôtel-restaurant à l'entrée du village de Hrisoskalitissa.
Les tenanciers, qui nous avaient peut-être vus de loin, semblaient
nous attendre, comme des pêcheurs qui savent que les poissons tomberont
inévitablement dans leurs filets. Mais ces pêcheurs s'avèrent
très sympathiques (bons dîners et belles chambres à
prix doux ).
Nous apprenons avec le patron à dire " Polis aeras "
(= beaucoup de vent) , et ce vent est étonnamment chaud.
Vendredi 12 avril
Nous atteignons rapidement le monastère de Hrisoskalitissa, que
nous visitons lentement, en observant les paysages en contrebas : d'un
côté des champs petits comme des mouchoirs de poche, de l'autre
un bord de mer aux rochers déchiquetés.
Puis marche jusqu'à Elafonissi ; une chapelle, deux chiens faméliques
attachés au bord de la route, des oliveraies puis des serres à
tomates.
Ile d'Elafonissi. Site classé Natura 2000 .
Nous n'avons pas réussi à gagner l'île à pieds,
n'ayant pas trouvé l'itinéraire par lequel la mer n'est
guère plus profonde qu'une rigole.
Samedi 13 avril
D'Elafonissi à Paleochora.
Quand nous partons le temps est incertain, mais la sagesse de l'hôtelier
nous encourage et accroît notre vocabulaire : " Polis aeras,
ochi nero " (beaucoup de vent = peu de pluie).
Nous empruntons un sentier à flanc de montagne et proche de la
mer, à végétation de phrygana. La mer offre ses camaïeux
bleus.
Pique-nique à côté d'une chapelle blanchie à
la chaux.
Découverte d'une petite plage jonchée de restes de colonnes
très usées par le temps, sur lesquelles on devine d'anciennes
cannelures : serait-ce un ancien port antique ? ou un navire chargé
de précieux matériaux de construction aurait-il échoué
sur ce rivage ? Plus loin, un Adam germanique et son Eve semblent avoir
trouvé leur paradis dans une petite crique.
Notre itinéraire finira par emprunter une voie goudronnée
bordée de nombreuses serres de tomates et concombres.
Nous nous égarons sur une petite route en cul de sac. Nous y ramassons
des citrons et en pressons le jus dans nos gourdes. Nous nous asseyons
sur un banc de pierre jouxtant une fontaine. Un crabe échappé
(d'où ?) circule dans une rigole. Un peu plus loin une fillette
joue tranquillement, puis intriguée par notre présence elle
nous salue par un " yaaa ".
La route s'approche de Paleochora. Nous découvrons soudain celle
que nous reverrons souvent : la serpentaire, ou dragon commun, avec sa
fleur rouge sombre dressant sa hampe diabolique
Puis nous admirons un splendide vol de plus de cinquante aigrettes.
A Paleochora une vive logeuse en pyjama qui nourrit ses chats nous loue
deux belles chambres modernes avec terrasse et salles de bains.
Nous allons manger à l'entrée de la bourgade (adresse du
Routard). Bonne soupe aux haricots.
Dimanche 14 avril
Petit déjeuner dans une pâtisserie de Paleochora. Puis balade
de Sabine, Claudine et Catherine dans l'arrière pays. Sieste sous
les oliviers. Observation de gobe-mouches qui volettent.
Fatigué par un début d'angine, je me contente de visiter
le sommet de la presqu'île (où se situent les ruines du fort
vénitien)
Lundi 15 avril
En route pour Sougia !
Un nuage sombre et rosâtre nous guette et menace.
Nous cheminons le long d'une route bordée de champs d'oliviers,
puis sur la côte sur un sentier d'abord large, puis en corniche
à flanc de montagne.
Le nuage rose libère une courte pluie tiède, et nous réalisons
en voyant nos capes que ce qui donne la couleur rose ç'est du sable
!
Nous traversons un plateau dont la végétation évoque
une lande méditerranéenne.
Pause à Lissos, site enchanteur de peuplement antique : ruines
d'un temple romain avec pavement en mosaïque à ciel ouvert,
petite chapelle sombre avec des fresques enfumées par les cierges.
Nous avons aussi été impressionnés par la performance
de chèvres réussissant à descendre d'un énorme
et abrupt bloc rocheux.
Puis parcours montagneux et débouché sur un plateau faisant
face à la mer .Nous ne voyons plus le balisage et avons failli
nous perdre alors que le crépuscule approchait.
Demi-tour jusqu'à ce que nous retrouvions des marques (cairns)
qui nous font descendre dans des gorges.
Je vois un animal sauvage (putois ?)
Nous finissons par arriver à Sougia.
Nous y logeons dans un hôtel (adresse du Routard) au patron crètois
réservé et aimable, et au serveur (nordique ?) francophone,
artiste peintre quand il n'est pas serveur, qui nous traite en amis.
Mardi 16 avril
L'après-midi balade sur le sentier E4 en direction d'Agias Roumelis
Très belles vues sur la côte.
Craquements dans un arbre. Nous levons nos regards vers sa cime, et observons
une chèvre caracolant dans les branches pour y brouter quelques
feuilles.
Dans la phrygana, des pierres disposées en cercle nous intriguent
(peut-il s'agir d'anciennes aires à battre ?)
Sur le chemin du retour nous rencontrons un jeune botaniste allemand,
qui cherche sa loupe qu'il a perdue. Il nous apprend les noms de la litodora
(borraginée, petit buisson à fleurs bleues), du flomis lanata
(lamiacée à fleurs jaunes), de l'urginée maritime
(liliacée dont nous rencontrons souvent les larges feuilles mais
qui ne fleurira qu'en automne).
Mercredi 17 avril
Notre sympathique serveur avant de commencer son travail nous conduit
en voiture jusqu'à l'entrée des gorges d'Irinis, dans lesquelles
nous marchons pendant plus de trois heures .
Gorges bien aménagées, avec poubelles entourées de
rondins de bois et fontaines en pierre.
Des plaques et panneaux commémorent la période révolutionnaire.
Nous voyons le cyclamen blanc.
Après les gorges nous marchons quelques heures dans des montagnes
assez arides. La vue porte loin. Nous voyons les traces d'anciennes cultures
en terrasses.
Découverte de deux ophrys (dont l'ophrys jaune) et d'un orchis.
Avons admiré le traquet motteux.
Puis chapelle intéressante avec son iconostase
Et enfin arrivée sur le plateau d'Omalos : site étonnant,
à 1000m d'altitude, très plat, un peu cultivé (prés
et arbres fruitiers) et entouré de montagnes dont certaines encore
enneigées.
Nous profitons d'une flore et d'une avifaune attractives : anémones
bleues, iris à tête de serpent, tulipes / alouette lulu,
tarier pâtre, traquet motteux, bruant zizi .
Notre hôtel, bien que ses patrons soient hospitaliers, n'est pas
encore prêt pour la saison. Le menu est unique, nous mangeons sous
des trophées de chasse, et la télé est allumée
en permanence.
Jeudi 18 avril
Nous montons au refuge de Kallergi à 1629 m.
Peu après le départ nous voyons des femmes cueillant des
pissenlits et d'autres herbes sauvages, dont elles nous expliquent avec
des gestes la préparation culinaire.
Puis au bord d'une route qui conduit vers l'entrée des gorges de
Samaria, nombreuses floraisons d'anémones de différentes
couleurs et de tulipes.
Nous nous engageons dans un sentier qui monte. Une Maison du Parc est
en construction.
Nous avons observé de près à la jumelle trois magnifiques
perdrix que nous avons crues bartavelles, mais qui d'après les
guides ornitho étaient plutôt leurs cousines choukar.
Nous arrivons à des plaques de neige au-dessus desquelles poussent
des crocus.
Autour du refuge (fermé en cette saison) il souffle un vent froid.
Nous pouvons voir la mer des deux côtés de l'île et
aussi une partie des gorges de Samaria noyées dans la pénombre.
Troupeaux de moutons dans la montagne et sur le plateau.
Retour à l'hôtel au crépuscule.
Vendredi 19 avril
Retour à Sougia par un itinéraire différent de celui
de l'aller peu après la chapelle déjà visitée
l'avant-veille.
Le temps est humide et nous montons un large sentier qui conduit à
une antenne précédée de panneaux solaires. Puis nous
empruntons un petit sentier qui continue à monter dans une forêt
rocailleuse de type garrigue.
Au cours de la descente le sentier s'élargit et débouche
sur un village (vues sur des montagnes arides). Avons vu de nouvelles
orchidées (dont une jaune) et quelques pivoines, au parfum délicat.
Dans un village c'est la fin d'une récolte d'olives. Elles sont
tombées sur des filets étendus sous les arbres. Des sacs
pleins s'entassent le long des routes. Un âne bâté
attend attaché dans une oliveraie.
Après le village de Livadas une longue route descend, bordée
de chaque côté d'un tapis d'innombrables fleurs, souvent
rares et protégées en France, formant d'extraordinaires
sentiers botaniques : glaïeuls, sérapias, liserons roses,
ornithogales, laitue des rochers (la petromarula pinnata endémique),
etc
Quelques kms avant Sougia un jovial homme du village arrête sa fourgonnette
et propose de nous reconduire, pauvres randonneurs fatigués, au
" bercail ". Cette petite expédition se termine autour
d'un café frappé.
Samedi 20 avril
En bateau jusqu'à Loutro. Dans le bateau nous rejoignons R., une
amie de Sabine en vacances à Paléochora et avec qui nous
avons rendez-vous
Pause café à Loutro, village côtier aux maisons blanchies
à la chaux et aux volets bleus. Pas de route d'accès, donc
pas de circulation.
Puis en avant pour les gorges d'Aradéna. Le sentier devient plus
difficile pour R., qui repart avec Sabine.
Les gorges commencent comme un monumental corridor sauvage bordé
de très hautes falaises. Les parois de ces falaises sont entaillées
de minuscules replats sur lesquels évoluent des chèvres
arrivées là on se demande comment.
Nous quittons les gorges à mi-chemin environ pour revenir à
Loutro en passant par un village. Dans ce village une dame âgée
toute en noire porte une grosse marmite de légumes cuits chez une
autre personne.
Nuit en hôtel à Loutro.
Dimanche 21 avril
Alors que R. reste à Loutro pour repartir en bateau, nous nous
engageons dans le sentier côtier qui conduit à Hora Sfakion.
Sur le chemin, halte à une petite chapelle. Deux chèvres
se font des câlins, se grattent mutuellement.
Nous passons par de hautes falaises et par une plage plus grande.
Au cours de notre pique-nique une chèvre attirée par la
nourriture accepte de venir à nous.
Grande pause à Hora Sfakion, où nous rencontrons des groupes
de randonneurs français.
Retour en bus à Héraklion, en changeant de bus à
Réthymnon, dont nous apercevons la forteresse et la mosquée.
Lundi 22 avril
Ultimes visites à Héraklion.
Claudine, Catherine et Sabine visitent le musée des icônes
dans l'église Sainte-Catherine et y admirent les uvres de
Damaskino, le maître du Greco.
Moi je me promène, notamment dans les espaces verts dans et autour
des vastes remparts, qui sont en cours de restauration.
Je médite autour de la tombe très sobre et pure de Kazantzaki,
située sur un bastion, et comportant une grande croix en bois,
une dalle en pierre laissant émerger du gazon sauvage dans ses
interstices, et une stèle avec un petit et précieux médaillon
en métal appelant à la paix dans de multiples langues.
Quelques heures plus tard, bus pour l'aéroport.
ET PENDANT TOUT LE SEJOUR :
" L'amabilité des Crétois rencontrés (trop brièvement),
amabilité si naturelle qu'on oublie naturellement de l'évoquer
;
" Les jus d'oranges aux mille saveurs, les yoghourts au miel, les
verres de retsina et ceux (petits) de raki, et toute la cuisine sur laquelle
il a beaucoup été écrit ;
" Les chats nombreux et variés (aussi bien physiquement que
par leurs tempéraments) ;
" Et surtout ces innombrables petits riens quotidiens, indescriptibles
détails ou sensations intimes qui donnent toute leur saveur aux
paysages, aux ambiances naturelles et au temps qui passe.
Et pour conclure,
l'envie de revenir découvrir tout ce que nous n'avons pas vu,
et d'approfondir notre connaissance de cette île passionnante, de
ses habitants, de leur histoire et de leur culture.
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