Voici les articles du Bulletin N° 12 de l'association.
troisième trimestre 2001.


 


SOMMAIRE DU N° 12


Éditorial: Gerard LABONNE  Traduction D.M:


Actualité:


Culture et tradition:


Mots croisés:Claire Chazeau

Editorial
Edito : Construire la tolérance…  

 Jour après jour , heure après heure, la situation internationale évolue ; le risque d'une nouvelle confrontation militaire planétaire grandit. A l'heure où vous lirez ces lignes, je ne sais où en sera le monde ; et pourtant c'est de notre planète qu'il s'agit.
Nous sommes tous concernés.
Nous, association culturelle, avons aussi à faire entendre notre voix, à faire valoir notre vision dans le débat en cours qui secoue ce monde, pour arrêter l'apocalypse. Déjà des milliers d'innocents américains sont morts sur le front d'une guerre non déclarée.
C'est odieux!
Et une barbarie similaire ne doit pas être reproduite en retour. Le risque est réel d'autant que la riposte s'organise au nom du " bien contre le mal ". - Argument que ne rejetterait aucun intégriste.

STOP!

Il faut frapper les assassins et leurs commanditaires, pas les peuples.
Arthur Miller le précisait, samedi 14 septembre, sur une chaîne de télévision : " La race humaine est une et j'espère que ce n'est pas un esprit de revanche qui nous animera mais un esprit de justice ". Et l'écheveau de la justice sera long et complexe à démêler : les amis d'hier sont devenus les ennemis d'aujourd'hui, le terrorisme est soutenu ici et combattu là bas.
Oui, la race humaine est une; et les êtres humains qui peuplent notre planète ont développé des cultures, des croyances, des modes de vie différents. Ce constat, banal, heurte violemment les pratiques des sociétés actuelles : en ce début de 3ème millénaire les cultures différentes ne savent pas coexister, leurs rapports sont rythmés par des conflits violents, souvent économiques, parfois militaires.
Avec ce nouveau drame, les peuples de la terre, toutes les nations sont placés devant un grand défi : il nous faut apprendre à comprendre l'autre, le respecter et vivre en harmonie; l'homme doit chasser ses peurs, ses ignorances et devenir tolérant.
Cette démarche culturelle est un enjeu majeur pour garantir la paix et la sécurité de chacun. En France, nous avons des outils. Parmi eux, les associations culturelles constituent un chaînon irremplaçable pour construire ces liens de tolérance et d'échange entre les peuples. Cette mission est aussi la nôtre et nous l'avons confirmée lors de notre 3ème assemblée générale, samedi 8 septembre. Mission limitée face au défi posé, simple pierre à un édifice grandiose. Mais elle existe.

Gérard LABONNE

 

 

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Itanos du neuf à l'est:

 

Depuis 1899, l'Ecole Française d'Athènes mène des campagnes de fouilles sur le site d'Itanos situé à la pointe Est de l'île. En partant de Palaikastro, on prend à gauche la route qui conduit à la palmeraie de Vaï, quelques kilomètres plus loin, une bifurcation sur la gauche mène à Moni Toplou, isolé dans un site encore sauvage. En poursuivant la route de droite, on parvient au croisement entre les directions de Vai, à droite, et d'Itanos à gauche, sites distants de deux kilomètres. La route s'arrête au lieu dit "Erémoupoli", nom moderne évoquant le caractère désertique de l'endroit.
Sur tout le site, on ne voit qu'une seule ferme située sur l'acropole occidentale. De là, on comprend mieux l'ordonnancement de cette ville antique qui fut une station importante pour les flottes ptolémaïques (IIIe - IIe siècles avant J.C.).
Deux plages encadrent l'acropole Est séparée par un vallonnement de la deuxième acropole.

La BasiliqueA
L'Ecole Française a concentré ses travaux ces dernières années sur les bâtiments situés autour de la basilique. Le sondage réalisé en 1997, au Nord du narthex, a mis au jour plusieurs tronçons de murs, constitués de blocs de calcaire et d'ammouda. La céramique permet une datation de cet habitat à partir du milieu du Ve siècle après J.C. Les travaux de 1998 ont permis de dégager un mur (MR1) au Nord-Est de l'abside centrale de la basilique (secteur Ia) flanquant l'abside au sud. Au Sud-Est de l'abside centrale de la basilique, on trouve une structure fermée à l'est par une abside de 3,1m d'ouverture (secteur Ib) qui possède, adossé au rocher, un mur (MR2) construit de moellons dont il subsiste une longueur de 2m30. Sur l'espace à l'ouest de cette structure le sol était couvert d'un dallage en schiste violet.
Au nord de ce bâtiment à abside, des nettoyages ont mis au jour une construction de forme carrée de 4m60 de côté. Cette structure pourrait avoir fait partie d'une fortification de l'acropole Est. Cet ensemble suggère une datation antérieure aux bâtiments de l'époque paléochrétienne; toutefois des mouvements de terrain à l'Est de la basilique n'ont permis ni précision chronologique ni éclaircissement dans la relation entre cette structure et la basilique.
Un autre secteur (IX) est délimité au Nord par le mur extérieur de la nef Sud (MR4) et à l'ouest par le mur oriental de l'annexe sud du narthex1 (MR5), au Sud, par un mur (MR6) et à l'Est par un dernier mur (MR7).Un passage était aménagé entre ce mur et le mur extérieur de la nef Sud (MR4). Les fouilles entreprises dans cet espace ont permis de dégager un dallage en schiste gris qui couvrait l'ensemble du secteur. Plusieurs constructions antérieures à la basilique et un nouveau dallage sont apparus dans la partie occidentale de ce secteur.
Le secteur VIII implanté dans l'annexe Sud du narthex1 a dévoilé un sol en chaux . Le remblai situé sous ce sol a livré une céramique africaine du Ve siècle ap. J.C. ainsi que deux monnaies du IVe siècle ap. J.C. et une autre du début du Ve.


Les quartiers d'habitations.
Les fouilles de l'Ecole Française d'Athènes entreprises sur le site en 1950 permirent de mettre au jour un quartier d'habitation que traverse une rue orientée Nord-Sud et deux autres perpendiculaires plus étroites. Ce réseau délimite un îlot au sein duquel les archéologues procédèrent à un sondage en profondeur, fouillant entièrement une pièce jusqu'à une profondeur de 3m à partir du dernier niveau de la rue antique qui la borde.
Un nettoyage général de la zone a permis d'achever le relevé architectural des structures visibles.
Ces travaux ont permis aux archéologues de distinguer cinq phases d'aménagement de l'édifice caractérisées par des modifications de l'organisation générale des pièces. Celles-ci s'étirent tantôt sur un axe d'Est en Ouest, tantôt s'élargissent pour renforcer une orientation Nord-sud. Les archéologues ont noté à cet endroit l'aménagement d'un édifice important entre la fin du Ier siècle av. J.C. et le début du Ier siècle ap. J.C. qui a été restauré à la fin du Haut Empire. Après cette période, l'architecture change radicalement pour offrir à la construction une orientation perpendiculaire à la précédente, implantation qui sera à nouveau modifiée jusqu'au Ve et Ve siècle ap. J.C.

La nécropole Nord.
L'équipe dirigée par H. Gallet de Santerre avait dégagé en 1950 une série de tombeaux sur la colline située au nord-Ouest de la ville. En particulier un "Grand Tombeau" avait attiré l'attention des fouilleurs qui en avaient entrepris le dégagement complet. Toutefois, à cette époque, aucun relevé ne fut effectué.
Le nettoyage de l'aire funéraire nommée "Grand Tombeau" fut entrepris sur une superficie de 80m². Ce nettoyage a permis un relevé architectural précis et le début de l'étude de cette nécropole.
En 1950, elle apparaissait comme une structure unitaire, aujourd'hui, il convient de distinguer trois zones numérotées du Sud vers le Nord selon la pente ascendante.

  1. la zone méridionale est limitée au Sud par une assise de blocs d'ammouda d'une hauteur de 60 cm et de 40 cm de largeur contre laquelle vient s'appuyer, à l'Est, les restes d'un dallage de blocs de même matériau, entaillés pour recevoir trois stèles alignées le long du mur. Face à elles, au Nord, on peut retrouver les vestiges de deux sarcophages également en ammouda.
  2. La zone centrale présente une organisation totalement différente. On y repère un caveau, orienté Nord-Sud et couvert partiellement de bloc de calcaire gris. A l'Est, un autre caveau, parallèle au premier et recouvert aujourd'hui d'un amas de blocs de calcaire jetés là à la suite du pillage des tombes. A l'Ouest, au dessus du niveau supérieur de la couverture du caveau, les fouilleurs ont noté la présence de blocs en ammouda dont le parement extérieur est recouvert d'un enduit beige tout comme la partie avant du lit d'attente, sur une largeur d'environ 20cm et qui permet d'assurer l'existence de plusieurs niveaux.
  3. La zone 3, au Nord, ne présente aujourd'hui qu'une base de 1m40 de large, faite de quatre blocs d'ammouda présentant un lit d'attente et détruite vers le Nord.

Les analyses stratigraphiques faites en 1997 montrent une utilisation presque continue de la nécropole, notamment des parties un et deux, ce qui rend son interprétation très difficile. Toutefois, les archéologues ont mis en lumière la nécropole géométrique (1 et 2) puis un cimetière d'époque archaïque (1) et classique (2) enfin une période de plus grande occupation du IIe siècle av. J.C. jusqu'à son abandon définitif au Ier siècle ap. J.C.

Les remparts.
Suite aux fouilles de 1997, les chercheurs attestent de la contemporanéité de la tour Sud-Ouest et des murs de courtine adjacents; toutefois, malgré le matériel de la période hellénistique exhumé d'une fosse située à l'intérieur des remparts, la datation exacte de cette enceinte n'est pas avancée.

Etudes et analyses.
A ces fouilles qui permettent de comprendre l'organisation géographique du site, il convient d'ajouter le travail précieux de l'Institut Polytechnique de Crète qui effectue des recherches géophysiques et des contrôles recourant aux techniques les plus sophistiquées (tomographie électrique, géoradar, élaboration de modèles, etc).
Le travail sur les inscriptions trouvées a permis de reconstituer le texte complet d'une stèle, composé d'un poème à la déesse Leukothéa et de treize noms de jeunes filles placées dans la procession en l'honneur de la déesse.

Ces découvertes enrichissent la connaissance des pratiques sociales et religieuses de la cité d'Itanos.
De plus les études céramologiques sont irremplaçables pour assurer une datation. La majeure partie des céramiques d'Itanos provient de la nécropole Nord. Les vases classiques et hellénistiques trouvés constituaient le mobilier des tombes, tandis que la céramique archaïque provient de couches qui ne permettent pas d'en déterminer l' usage.
Enfin, les études anthropologiques contribuent à déterminer les pratiques sociales. Dans le cas d'Itanos, l'état de conservation des ossements est généralement mauvais. Le nombre d'individus trouvés varie entre vingt-quatre et trente-cinq; cette incertitude vient de la situation stratigraphique du cimetière (réutilisation des tombes) et du pillage qui a dispersé certains ossements. Néanmoins, les études ont permis de préciser le sexe pour dix individus (huit hommes, deux femmes), l'âge (trois seulement étaient juvéniles : 4ans ± 12 mois, 9 ans ±24 mois). Des traces de pathologie ont également été repérées : l'analyse de la denture a montré un cas d'hypoplasie de l'émail liée à une période de stress au cours de la croissance et une épaisseur exceptionnelle de la voûte crânienne en réponse à un processus anémique.

Les travaux des chercheurs à Itanos nous fournissent des éléments précieux sur la place qu'occupait cette cité dans l'Est de la Crète ancienne. Ces travaux se poursuivent et la synthèse finale devrait être prochainement publiée.
Elle sera à mettre en relation avec tous les travaux archéologiques des sites de Zakros, Agia Fotia, Sitia , etc., autant d'éléments du puzzle de l'histoire crétoise et autant d'éléments à prendre en compte pour une construction plus juste de notre avenir.

narthex n. m. :Portique des basiliques chrétiennes situé en avant de la nef mais distinct du porche qui se trouve sous la même couverture que la nef.
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Ammouda:: Pierre très dure appelée aussi "Sidéropetra" ( ou pierre de fer) est rareement taillée, à la différence des grès tendres taillés en bloc réguliers.
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Gérard LABONNE


Bibliographie :
Bulletin de Correspondance Hellénique : 120.2 - 1996, 121.2 - 1997, 122.2 - 1998, 123.2 - 1999

 

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Initiative pour défendre la langue française en Créte

L'association franco-héllénique d'Héraklion poursuit son action pour le maintien de l'ouverture de l'annexe de l'Institut Français dans la cpitale crétoise. La fête nationale aété l'occasion d'un rassemblement autour de la piscine de Gazi.

Les crétois francophones éditent un journal français bimestriel " Le coucou" écrit par des enfants.

Ni le Ministère des Affaires Etrangères français, ni l'Institut Français d'Athènes n'ont répondu à nos courriers, nous avons porté le dossier devant le parlement européèn.

Nos continuerons à sensibiliser les autorités pour le meintien de l'ouverture de l'annexe d'Héraklion.

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Humour:

 

Nous avons vécu avec la tribu des véliplanchistes !

Dans les bulletins n° 6 et 7 nous avions évoqué la présence d'une tribu mystérieuse séjournant sur les plages ventées de Crète. Cette année pour peaufiner l'étude nous nous sommes infiltrés en son sein pour la voir vivre de l'intérieur.
L'approche de ce peuple quasi mystique n'est pas chose aisée, cela nécessite des précautions; nous avons donc pris exemple sur le caméléon, nous nous sommes fondus dans son environnement, nous nous sommes équipés comme lui, la vue des objets qui lui sont familiers l'a rassuré; très vite apprivoisés, ces créatures se sont montrées dociles et même accueillantes.
Leur rythme de vie très particulier, puisqu'il n'y a pas de règle, s'articule autour de quelques activités très simples voire primitives :
Naviguer1, comme ils disent,
Boire l'apéro (activité non caractéristique de l'espèce),
Manger,
Dormir
Nous allons décomposer leur journée en nous attardant sur les moments forts.
Neuf heures du matin dans le meilleur des cas, le mâle s'ébroue, le corps endolori par ses activités de la veille et envahi par les courbatures que son âge ne peut plus effacer, la démarche encore hésitante, le regard trouble mais aussi attendrissant, dissimulé par une barbe négligée de quelques jours, le véliplanchiste cherche devant sa porte, le pain du jour.
Pendu à un arbre comme un trophée, livré par le volontaire ou le désigné d'office de la tribu, le précieux aliment encore tout chaud l'attend. Son œil pétille, ses papilles gustatives s'agitent au rythme des cigales, il retrouve sa femelle et sa progéniture pour partager avec eux des tartines de miel rendues encore plus croustillantes par le sable généreusement prodigué par le Meltem2, ce vent dont il rêve toute l'année.
Ce premier repas absorbé, son corps à nouveau en état de marche le mâle s'acquitte des charges que lui impose la vie sauvage, il va chercher de l'eau et vidanger ses excréments qu'il conserve religieusement dans un bidon. Toute la tribu a comme consigne de tout déposer au même endroit qu'on identifiera sans doute dans quelques siècles comme un lieu de culte.
Son cerveau nourri par les sucres rapides et aéré par les bourrasques matinales, commence à fonctionner; ceci lui permet de parler, et d'échanger avec les autres membres de la tribu les premières considérations de la journée. La conversation excessivement fruste, en raison de la pauvreté du vocabulaire ( voir N°6 et 7), inaccessible à l'entendement d'un étranger, peut se réduire à trois phrases:
"C'est plus qu'hier"."C'est moins qu'hier". "C'est comme hier".
Et c'est en dissertant sur ces trois phrases que la matinée s'écoule, chacun comparant le vent du jour à celui de la veille et évaluant sa force. L'unanimité est rarement atteinte, alors pour clore le débat, ils attendent le plus souvent l'arrivée du "gourou", qui avec l'expérience que lui procure son ancienneté donnera son sentiment, hélas pas toujours plus fiable que celui de ses congénères.
La journée s'écoule entrecoupée de repas frugaux, pris en famille, essentiellement constitués de produits locaux, tomates concombres, fruits … achetés au village dans la louable intention de participer ainsi à l'expansion de l'économie de l'île.
En fin de journée quand la luminosité se met à fléchir, sans qu'aucun signe extérieur ne dénonce les prémices de cet étrange rite, armée de sièges et de verres, la tribu dans sa quai intégralité se dirige vers un campement, différent chaque soir, que son instinct lui a dévoilé. Ceci n'est pas sans rappeler, à une plus petite échelle, les grandes transhumances de la faune africaine. Les sièges s'organisent en cercle qui se dilate au fur et à mesure des arrivées, les verres s'emplissent et se vident à un rythme soutenu, les amuse-gueules tournent dans le sens trigonométrique, le liquide des bouteilles s'évapore; chaque jour de nouveaux arrivants, même totalement étrangers à la tribu viennent s'intégrer3, dans un climat de convivialité trop promptement interrompu par l'incursion des ténèbres.
Toujours guidée par son instinct, la tribu s'égaille dans la nature et achève la soirée en une longue procession rituelle sur d'étranges phaétons silencieux la menant au village voisin pour reprendre contact avec la civilisation.

C'est là que s'achève la journée de cette curieuse tribu des temps modernes, dans une débauche orgiaque à laquelle sont même conviés les petits de la tribu avant un repos réparateur, au cœur de la nuit, dans leurs cases insolites, sur la grève colonisée.


1.Naviguer: voir N° 7 : s'éloigner légèrement du bord. retour
2. Meltem: Vent local retour
3. Les adhérents de l'association" Crète terre de rencontres" peuvent en témoigner.retour

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Pélerinage à Skotino :

 

Nous traversons le village de Skotino et nous retrouvons sans mal le chemin de la grotte : il est indiqué par des panneaux.
Nous arrivons sur le plateau… Personne. Le petit chemin qui mène à la grotte est entretenu, on descend par des escaliers peints en blanc: l'intérieur de la grotte est aménagé pour la visite ! Rien à voir avec notre première incursion de 97. Il fallait alors se frayer un chemin entre les herbes et les chardons, et il était alors dangereux de s'aventurer ici sans guide.
Nous remontons vers l'église d'Agia Paraskevi où se trouve un auvent. Nous nous y abritons, car le soleil brûle encore.
Il est 18h30, les crétoises et les crétois viennent en famille jusqu'à l'église, se prosternent devant l'icône de Sainte Parascève, déposent du pain ou des fleurs.

Vers 19 heures des hommes et des jeunes garçons disposent des tables à l'extérieur de l'église. Dessus ils posent du pain, des cierges et de l'huile d'olive. Peu après le pope arrive dans une belle Seat jaune vif.Les villageois défilent toujours, apportant du pain sur les tables. Quelques uns vont ensuite à la grotte et repartent.Lorsque la foule est assez dense, le pain est distribué à l'entrée de l'église. Une petite fille nous en apporte et nous partageons ce pain avec les crétois.

Soudain surgissent quelques femmes vêtues de noir, puis un autre pope. Les femmes se congratulent et se souhaitent "Chronia Pola". Quelques minutes plus tard un troisième pope arrive… Dans une voiture! Avec chauffeur!

Il est 19h30 lorsque les cloches retentissent. Les personnes qui sont dans la grotte se signent. Le pope commence sa messe. La soirée se prolongera sur le plateau par une petite kermesse.

Il est loin le temps où les Crétois venaient ici à dos d'âne. Les voitures ont supplanté les animaux, et s'agglutinent le long du chemin. La grotte est maintenant aménagée pour les touristes…
Le monde moderne a rompu le charme, il a investi cette grotte, jadis domaine sacré des dieux.

Il est vingt heures, et la nostalgie nous conduit hors de ces lieux.

Suzanne , 25 juillet 2001

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A la fête du Berger:

 

"Vive la liberté,vive la Méditerranée"

" Tu choisis, soit vous allez au mariage, soit vous allez à la fête du berger ! " et Georges poursuivait : " Tu peux d'abord aller à la fête et venir au mariage après ! Mais fais attention la route est dangereuse."
Quand un Crétois vous dit que la route est dangereuse, c'est qu'elle est vraiment très mauvaise. C'est ainsi que Georges, Maria, sa femme et " Rinion " leur fille nous accueillent Leur hospitalité va jusqu'au partage de leurs fêtes traditionnelles; et il faut bien dire que la ville de Kritsa en ce mois de juillet, comble ses visiteurs A peine arrivés, nous voyons que l'association culturelle de la ville organise pour la première fois " la fête du berger ", là-haut, sur le plateau de Katharo, à 14 kilomètres de la ville. Et Georges est convaincu que ce sera une réussite. Ce soir là également , les habitants du village voisin, Kroustas, célèbrent le mariage de l'un des leurs ; Georges jouera des percussions à cette cérémonie; et nous savons que le mariage crétois est une fête à ne pas manquer pour toutes les dots du monde.
C'est donc avec la sensation de vivre un moment rare que nous prenons prudemment la route nous menant au plateau.
C'est une route très sinueuse, surplombant les lueurs de la ville de Kritsa ; au sortir de quelques virages nous voyons les lumières d'Agios Nikolaos, au loin, plus bas. Le paysage nocturne est impressionnant. A l'arrière du véhicule, Maria serre Rinion dans ses bras, pour se rassurer peut-être. Les voitures se suivent, en file indienne avec moult précaution.
En arrivant sur le plateau, le goudron cède la place à une voie cimentée puis à la terre battue. Nous roulons dans un nuage de poussière. Maria, plus en confiance, nous guide : "à droite, en bas ". Enfin, à un carrefour surgi des ténèbres, nous nous trouvons bloqués, des voitures partout, impossible de tourner. On aperçoit des lampions perçant le brouillard de poussière. On entend, au loin, les haut-parleurs nasiller les noms des invités sur un ton monocorde haché par le vent et les défaillances techniques.
Après quelques minutes de patience et une bonne direction assistée, nous trouvons une place de stationnement. Les 400 derniers mètres se feront à pied. Et nous devons nous frayer un chemin entre les voitures garées tant bien que mal et ce flot humain annonciateur de réussite. Enfin, nous arrivons à l'entrée de la fête et, là, les choses se précisent : les dizaines de tables installées dehors, à l'abri de quelques rares feuillus, sont toutes occupées. Une toile abrite le coin cuisine improvisé où deux gaillards s'activent autour du chaudron, remuant énergiquement le riz pilaf. Nous prenons rapidement nos tickets de repas et partons à la quête de quelques chaises inoccupées. Peine perdue, la foule crétoise est au rendez-vous, tout Kritsa et ses environs sont au rendez-vous fixé pour ses bergers, excepté le mariage, peut-être. Nous nous asseyons sur une margelle protégeant un platane, entre deux tablées. Un premier lyrariste, Z. Barda, s'installe avec son groupe de quatre musiciens; il est du village de Kritsa. Une vaste aire de danse sépare l'orchestre des tables. Et dès les premières notes du Syrtos, la piste est envahie; les villageois jeunes et moins jeunes entament leurs rondes effrénées . Les serveurs apportent le riz et l'agneau bouilli. Les verres se remplissent. La fête commence.
Les rythmes se suivent sans faiblir : soustas, syrtos kaniotikos et toujours une grande ferveur sur la piste. Aux tables, les discussions vont bon train, les sourires éclairent le visage de cette foule joyeuse. Il y a plus de mille personnes sur ce plateau habituellement occupé par les moutons.Nous trouvons enfin des places assises. La petite " Rinion " s'est endormie dans les bras de sa mère. Dans l'assistance, on repère facilement les bergers avec leurs chemises et pantalons noirs, leurs bottes et leurs grandes cannes.
Près de notre table, cinq bergers discutent en frappant le verre sur la table. L'un d'entre eux, un colosse, au regard bleu profond, tient fièrement un immense bâton qui le dépasse d'une tête. Il prend la pose. Sans doute a-t-il vu l'appareil photo qui pend à mon cou ? Je réponds à son silence et prends le cliché. Aussitôt fait, la canne retourne à terre et il reprend la discussion avec ses condisciples.
Maria nous présente : Paris, La France, l'association ; une conversation s'engage à laquelle, tant bien que mal, nous participons, comprenant difficilement le langage employé. Nous sommes tous fiers, pour des raisons différentes : les uns de présenter leur plateau, leur île ,leur musique; les autres de rencontrer les vrais bergers, ceux de Kazantzaki et de Prévélakis, ceux qui ont fait l'histoire héroïque de l'île. Et l'on discute, boit sans retenue, la langue devenant de plus en plus compréhensible. Sur la piste de danse, N. Manias succède au premier lyrariste. Les rythmes s'accélèrent, la ronde des danseurs rajeunit sous la violence des sauts ; les caméras de la télévision locale immortalisent l'événement.
Et, alors que nous discutons, mon ami le colosse prend son verre, se lève et clame en français : "Vive la Liberté, vive la Méditerranée". Nous saluons tous l'hommage en levant à notre tour, notre verre.
Et je me surprends à penser : "combien de français sauraient proclamer avec autant de fierté leur lutte dans une langue étrangère ? Quel pied de nez à tous celles et ceux qui veulent réduire l'influence du français en Grèce!"
L'heure avance et, déjà, les premiers départs éclaircissent les tablées. Nos amis reprennent leurs bâtons et après une dernière photo souvenir, s'effacent dans la nuit sombre.
Maria tient la main de la petite Erini, nous prenons à notre tour le chemin du retour.
Les manœuvres sont de rigueur pour sortir la voiture de l'imbroglio métallique.
Enfin, la terre battue disparaît, le bitume déroule prudemment ses lacets. La tête encore pleine des sons de la lyre et du laouto, nous retrouvons les premières maisons de Kritsa.
Direction le mariage, mais ceci est une autre histoire.


Gérard LABONNE

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Mots croisés. 

 

Golfes et baiesde la côte crétoise
1.
. Baie proche d'une ville du nord-est.
2.
Baie à l'ouest d'Héraklion.
3.
Baie au sud en face de Malia.
4.
Golfe d'Agios Nikolaos.
5.
Baie de Vaï.
6.
(+ H.) Baie de Koutsouras au sud-est.
7.
Baie près de Zakros.
A.
Golfe à l'ouest entre deux presqu'îles.
B.
Baie au nord d'Agios Nikolaos.
C.
Golfe proche d'une célèbre plaine.
D.
Baie portant le nom d'un site connu.
E.
Baie au nord d'Agios Nikolaos.
F.
Baie au sud en face d'Héraklion: "Kali"
G.
Baie à l'ouest de Réthymnon
H.
1ère partie du n° 6
   


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